Les petits chevaux ont quitté le cercle du manège
C’était dit-on hier et depuis la nuit folle
Arpente le tronc des arbres orphelins de leurs feuilles
Elle a cru voir une crinière tout en haut du grand hêtre
Alors le long des silhouettes émaciées de l’ automne
On voit ramper de longues chenilles soyeuses
Qui cherchent le cœur pour y trouver les traces
Que jour après jour le temps devenu enfin vieux
A dessiné dans le corps des géants silencieux
Mais il faudra lui dire doucement au creux de l’ oreille
Que les petits chevaux ont quitté le cercle du manège
.
Le reflet de l’eau dans l’eau
facilite la digestion
et donne le sentiment de l’éternité
Ménagez votre ombre
car elle se feuillette comme un beau livre
dont chaque page illustrée cherche à retenir l’attention
du lecteur toujours pressé
d’atteindre la dernière page ou le dernier mot
La lune se baigne dans un lac
auquel il ne manque que la parole
et un souffleur dans son trou
pour réciter le poème
.
On devine le frissonnement de l’étang
Au bâillement des grenouilles sous les roseaux
Et la forêt s’éloigne invitant ses arbres
Loin des scies et des cognées
Les mains devront danser auprès de l’âtre froid
Pour dessiner encore les pleins et les déliés
Aux murs d’une tour abritant le silence
Et le marbre des visages dans des glaces sans tain
Sur l’échiquier les cases blanches veillent
Curieuses des signes que nul ne saura lire
Hormis le fou sorti de son chapeau
Ou d’un livre que mille plumes ont illustré
.
JFK : 11.18
C’est un grand escogriffe, un rouquin du Queens, la main inquiète, il m’a tendu une feuille de papier. J’ai lu.
—Pas mal. C’est un bon portrait, bien écrit, avec quelques fautes, des broutilles, mais tu dois raconter une histoire, là, ce n’est pas fini.
Probablement déçu, il m’a dit—je crois qu’un jour, je pourrais te tuer
—Ça te ferait un bon sujet, mais dans ce cas, je n’aurai jamais l’occasion de le lire en entier.
Roissy : 5.30
Je m’approche et je dépose ma serviette, mon portable et mes chaussures dans le bac en plastique. Un contrôleur me dit d’enlever mon chapeau.
Mon chapeau, je le porte un peu en arrière, à la façon d’Humphrey Bogart, j’aime bien, je ne l’enlève jamais, sauf sous la douche, une vieille habitude, je hausse les épaules et veux passer.
Il m’arrête et balade sur mon corps son espèce de ramasse miettes, j’insiste, je pousse vers le portique, il touche à mon chapeau et ma tête roule par terre. Il n’aura plus qu’à la mettre sur le tapis roulant. Décidemment, je ne lirai jamais la nouvelle du rouquin.
Dans les décors féeriques méfions-nous des rouquins et des chapeaux.
L’ébauche de la nouvelle était-elle illustrée ? de chevaux de bois ? Un brin de folie parcourt ce livre.
On croit faire un tour de piste et on se fait mordre par les chevaux de bois et l’ombre du manège rend les cases de l’échiquier toutes noires. Les fêtes foraines ne sont plus ce qu’elles étaient! la barbe! (à papa)
Dos à dos, mais toujours unis, nous relayons les rêves. Merci chers comparses pour ce nouvel instant de bonheur.
Etonnante suite avec comme un extrait de récit en prose. Humour, poésie, fantaisie…Le PPV : une bonne auberge quatre étoiles.