Je l’ai croisée, un jour, au détour d’une rue.
Elle avait fière allure dans son manteau noir
longues bottes de cuir silhouette élancée
chapeau à larges bords je la voyais de dos
quelques mèches d’argent tombaient sur ses épaules
le soleil du couchant jouait dans cette soie.
Lorsque je fus près d’elle et me sentant venir
elle fit demi-tour et je poussai un cri.
Son visage était blême un sourire mauvais
ou plutôt un rictus découvrait ses dents jaunes
son haleine fétide évoquait un charnier
et le son de sa voix était rauque et glaçant.
C’est alors que je vis, cachée sous son manteau,
La forme d’une faux.
Je l’ai croisée un jour
Mais ce fut le dernier.
Air-Pur
C’est très bien écrit.
J’ai pensé à l’atmosphère de Poe en te lisant.
C’est pas de pot de l’avoir croisée.
Amitiés.
Oui, quelle mystérieuse rencontre. Surtout qu’on ne la fait qu’une fois.
« La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu’un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc:
– « Moi, j’ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d’un lit l’antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles!
Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
Lorsque j’étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j’abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d’émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi! »
Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d’amour, je ne vis plus
Qu’une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus!
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d’eux-mêmes rendaient le cri d’une girouette
Ou d’une enseigne, au bout d’une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d’hiver. »
Charles Baudelaire « Les Métamorphoses du Vampire »
Je ne suis pas (encore? ouarff!) de taille
Brrr!
Je vais me méfier des longues dames brunes…
Un bel exercice (dommage les quelques claudiquants, mais l’ambiance est bien là!) de style.
Forcément, j’ai oublié de dire qu’elle boitait aussi!
Plus sérieusement, dis moi où ça cloche: ça m’aiderait pour l’avenir.
Attirante pourvu qu’on reste loin.
Sauf si on veut brûler sa dernière cartouche.