Les passoires fumaient à l’aplomb des siphons
Des murs les cadres tombaient
Plus un clou ne jouait le jeu
Mais rien n’effrayait davantage que ces limaces
faisant craquer à l’aube leurs vertèbres
Afin de les éviter les laitues lévitaient
Le vertige les prenait parfois à hauteur des toits
.
J’étais ce chien rêvant la nuit d’anciennes plaines
et qui mordait le jour éperdument sa chaîne
Fûtes-vous celle prisonnière d’un châssis
croquant une luciole à l’ombre des persils
.
Et puis d’humeur le temps changea
provoquant portes et fenêtres en duel
Les champs de blé ondulèrent alors dans les armoires
où pendait sans faux plis le complet bleu du jour
Hormis là
partout il fit noir
Le tic-tac des pendules devint râle
On eu beau se frotter à leur remontoir
l’œil tendre d’un coucou en sautoir
l’intervalle des plaintes s’allongea peu
.
Des murets les murènes sortaient
un chapeau de paille sur la tête
craignant la lune et l’eau par dessus tout
Sur le bord d’un cratère elles volaient au concert
que donnaient les marins las des marées et des mâts
Sensibles comme visqueuses le son des violoncelles
traçaient sur leurs joues ternes d’étroits chemins de sel
On croisait alentour d’étranges élégantes
au sourire d’hortensia
Le rêve figé
privés d’hiver
des enfants blêmes au loin
lançaient des boules de pluie
sur un bonhomme de vent
Quelle belle imagination, quelle fraîcheur dans les regrets ! J’aime beaucoup !
Tout est déréglé: on dirait que la mémoire déraille.
Un temps surréaliste, assez inquiétant, autour d’un enfant « enchainé », beaucoup d’images et un jeu sur les sonorités qui donnent un charme fou à ce poème, j’ai beaucoup, beaucoup aimé, merci !
Elisa Romain,
« Quelle fraîcheur dans les regrets », c’est vraiment très joli.
Je le range dans ma petite boîte à trouvailles.
Air-pur,
je pourrais dire à contrario que tout est bien réglé, que j’ai remis la mémoire sur ses rails
Eclaircie,
Les mots sont aussi des petits instruments que l’on accorde.
Merci à vous .
Alors qu’ils empruntent des voies opposées le surréalisme et l’OULIPO se rejoignent assez souvent pour nous offrir des textes qui s’écartent résolument des sentiers battus. Ici j’ai le sentiment qu’il sagit davantage d’une écriture que l’on pourrait situer qu’elle le veuille ou non dans le sillage du surréalisme voire du dadaïsme que sous l’influence des travaux et exercices propres à l’ouvroir. Mais je puis me tromper. En fait, oui, je me trompe – car il s’agit d’un texte d’Orgue Rouge et lui seul en connaît ou est sensé en connaître tous les…prestiges ?
Ou…est censé…
4Z2A84,
A ‘Exercices de style’ très oulipien de Quenau, je préfère et de loin ‘les fleurs bleues’.
Cette écriture des contraintes m’est, je dois dire, plutôt étrangère.
J’écoute, je crois, ma voix influencée plus sûrement par le surréalisme devenu ce grand fourre-tout.
Tes points de vue sont toujours très intéressants.
Merci.