C’est dans le brouillard du matin
Que l’on devine des silhouettes qui dansent
Ce sont peut-être des arbres heureux
Laissant pour les reposer
Leurs racines enfouies loin d’eux
Ou quelque animal sorti des bois attiré par les reflets
Des pans de brumes sur les champs lourds
Des réverbères fuyant la ville et la contrainte
D’indiquer toujours la même route
Des poissons qui se seront perdus
Remontant nos songes comme on le ferait d’un fleuve aimé
Ou les paroles des étoiles qui s’enroulent aux cheveux du vent
Peut-être ma mémoire qui vous devine à ma porte
Avant que le jour ne se lève et dissipe les souvenirs
.
Et les étagères hurlent sous les urnes
La nuit dormante plane au dessus des eaux
Calme les longs tiroirs en arbre à fruits
Le visage des ombres fait miroiter un abri
Le vieil épouvantail se souvient des champs de rêves
Qu’il a longtemps protégé des faucheuses
Aux longues si longues pattes
Les vitrines s’animent en chœur
Les lumières artificielles et chaleureuses
Remplacent le soleil assoupi souriant sur un nuage
.
Les écheveaux de neige
Soufflent de leurs naseaux
Sur les cristaux brûlés
Des restes de l’armée
.
La trompette traverse
Le fleuve empoisonné
Ou sont abandonnés
Des lambeaux de drapeaux
.
Tranches de vie perdues
Qui s’enfuient à jamais
Les mâchoires en étau
Les yeux virés vitraux
.
Et le silence revient
Recouvrant la fumée
Le sang se fige aussi
Sur la glace épaissie
.
Au soleil retrouvé
Les bains sont interdits
L’olivier crache sur
Les rameaux de la paix
.
Tu marches sur le chemin où l’écolier refait le monde
A sa façon sans demander aux maîtres leur avis
Il sait de quoi il parle Que le soleil réponde
Ou non à ses questions spontanées sur la vie
Il n’y a déjà plus de modèle à rien
L’imagination passe avec succès tous les caps
Sautés haies et fossés ne sont plus des obstacles
Ni l’horizon qui reculait une proie insaisissable
Ni le nuage un projet dont la réalisation avorte
Sa famille oubliée ne lui tend plus les bras
Qui l’accueille aujourd’hui ? Une vague
Qui l’étreint, l’enveloppe ? Une vague
Jamais la même
Ont participé :
4Z2A84
Eclaircie
Elisa
Heliomel
Vos écrits sont fantastiques ! Je suis heureuse de publier ici avec vous. Il y a tant à voir !
Des réverbères fuyant la ville en passant par le vieil épouvantail qui se souvient et par la trompette sur le fleuve abandonné pour arriver comme une vague auprès de l’écolier solitaire, l’itinéraire n’a pas fini de nous surprendre. Si le PPV n’existait pas il faudrait l’inventer.
Encore un PPv où les voix effleurent le merveilleux ou les souvenirs enfouis dans un mélange de tragique et de fabuleux, une atmosphère déclinée en quatre voix. On remonte le temps pour mieux dévaler le cours des fleuves sous une étrange lumière.
Cette semaine, Elisa, c’est à moi de dire : je vous aime…et j’aime les PPV
ça fait du bien de voir la face cachée du monde qui nous entoure.