Avides d’aventures nos yeux nous laissent les encourager à quitter leur nid.
Ils survolent la terre où tout rentre dans l’ordre
La vague y cesse enfin de se multiplier
Pour donner l’impression d’avoir le ventre plat
Et de ne faire qu’une avec ses sœurs de lait.
Du plancher les bovins saluent le train des fleuves
Dont les crues endiguées par devoir rétrogradent
Les gazons sont tondus les pavés alignés
Les rues débarrassées des algues et du lierre
On défroisse les draps de son lit on repasse
Avec un fer le linge où grimacent des plis
Il faut que tout soit net comme un ciel sans nuage
Sous le regard qui jauge et juge et nous effraie.
Quand nous songeons à fuir il l’apprend et nous fixe
Comme sur un tableau de liège un papillon
Epinglé. Dans l’évier une goutte de sang
S’écrase de seconde en seconde – on dirait
Le compte de nos jours passés. Sommes-nous vieux
Au point de retomber sans surprise en enfance
Avons-nous pour nous voir bourgeonner de bons yeux ?
Le vent ne revient pas de loin quand il conseille
Au toit d’être l’ami des murs de la maison
Aux murs de tenir tête à la tornade – aux tuiles
D’éviter de claquer des dents car la peur comme
Une maladie se transmet changeant un homme
Placide en un tremblant plateau de fruits de mer
La montagne arrosée d’alcool perd l’équilibre
On s’accroche à la queue des étoiles filantes
Mais le plafond sans porte ni lucarne
Reste l’obstacle
Auquel on se heurte toujours
Les bosses sur le front le prouvent
Il faut sortir autrement de sa tête
Trouver l’issue parmi pléthore d’oreillers
Dans ce grenier qui sert d’infirmerie
Je redoute en cherchant d’ouvrir une blessure
En riant fort je crains de réveiller des monstres
Si j’avais regardé par le trou de serrure
Je saurais avec qui je couche avec quel monstre
Puis en m’imaginant près d’une oasis mort
Je me serais peut-être vu dans mon cercueil
Ou humé dans une urne en dépit des atchoums
Je l’ai dit : le vent tourne il nous montre son dos
Il berce en espérant l’endormir le colosse
Dont la statue garde l’entrée du port
Comme un phare attentif
Ce phare le soupir d’Eve le déboulonne
Il tombe à l’eau dans un bruit d’explosion
Il entraîne le ciel avec lui dans sa chute
La voûte enfin trouée nous aspirons l’espace
Où rien de contraire à notre espoir ne circule
Où rien ne se décide où rien ne s’évalue
Où rien sans cesse essaie d’afficher son refus
D’être mais ne parvient qu’à perdre une virgule.
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