La traversée du ciel en cercueil.
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Pantins désarticulés aux coutures grossières
Collines sombres
Couverture nuageuse
Fièvre
Page des fous arrachée au hasard
Pour combler le vide des crânes
Un épouvantail un peu gras
Assis sur le verbe empêtré de fils sales et longs
Qu’il tire en riant comme on lance les dés
Une gorge serrée et la page encore vide
Au rouge terrible on oppose la blancheur
Candide
Bienfaisante
Comme l’odeur sucrée d’une fleur oubliée
Entre les lignes lumineuses d’un été du passé
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Le ciel n’a que faire du vent
Jamais il ne pourra se rafraîchir
À l’eau pure du gouffre
Seule la nuit lui vient en aide
Et calme le feu qui l’embrase
Celui qui roussit les cimes des arbres
Enflamme coteaux et collines
Et gagne les pantins de bois trop tendre
Faudra-t-il crever nos yeux
Pour que nos regards n’envoient plus la foudre ?
L’eau souterraine n’a plus envie de reparaître
Nous rejoindrons le puits étouffant les échos
Qui ne seraient pas Poésie
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Corridors sans appel,
C’est le grand silence sous ce ciel d’octobre
En plein juillet l’automne sème le doute
Nous allons dans les vagues fous d’espoir
Cueillis en plein vol par des oiseaux noirs
Il ne reste déjà plus rien de nos chairs rougies
Par toutes ces aubes si douces
C’est là que nous déposerons nos peurs
Nos enfances inondées au pied du peu
Qui demeure debout sans écho
Et que nous appelons abandon
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Nos écrans ne nous montrent plus l’horreur
Ils ne s’allument que sur des paysages déjà lumineux
Des villes paisiblement ensoleillées
On voit et l’on entend le blé pousser dans des champs dépourvus d’épouvantails
Les collines et les dunes endormies respirer
Et la mer met au pas ses vagues sur nos plages atones
On y réquisitionne moins de sable pour mesurer le temps
Le temps nous débarrassera des images atroces
Que nos téléviseurs et nos ordinateurs diffusaient en boucle
Les palmiers berceront de nouveau leurs feuilles pennées et leurs drupes
Et si ni le vent ni les courants d’air ne disposent plus d’assez de souffle
Nos joues se gonfleront pour les aider à rafraîchir les terrasses
Et les salles de concert où le public mort ou vivant
Ecoute d’interminables symphonies.
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Paisible été aux auteurs :
Eclaircie,
Elisa,
Phoenixs,
et 4Z.
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