Comètes à quai.
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Le printemps est là
Rayonnant malgré l’enveloppe de glace
Qui nous empêche de l’entendre et de le toucher
A l’intérieur
Des oiseaux de papier aux larges ailes
Un ciel de toutes les couleurs
Des montagnes bleues parcourues de cicatrices incandescentes
Les pieds posés sur le dos de l’hiver
Nos villes effrayées coupent sur les arbres
Les trop longues branches
De peur qu’elles se saisissent des maisons
Comme les cours de récréation
Se saisissent des ballons
Pour les jeter vers les nuages roses
Et briser avant l’heure
La coque transparente des saisons.
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Brise fer brise-lames miroir brisé
Autant d’éclats aveuglants
Où miroitent mille soleils
La place n’est plus au rouge
Transformé en acier acéré froidement trempé
Après la combustion des minerais
Dans la fusion des éléments issus
De la mine de nos inspirations
À quand l’expiration – le souffle –
Redonnant à l’aurore le rose paré de mauve
Quand la lune aux reflets opalins
Tente d’éteindre le feu de nos pupilles
La main bouillante sur le drap froissé
Dessine le dédale des pierres du mur éclaté
*
Une pluie délicate et souple un temps de rêve
On ne s’abrite pas. Les arbres nous saluent
De loin comme on fait signe aux oiseaux de se taire
Quand leurs chants sont produits par la mauvaise humeur.
Dans nos cheveux les gouttes d’eau clignotent
Et sur l’étang sautent des puces transparentes.
Il faut franchir le seuil les yeux fermés
Car autrement la maison disparaît
Pour nous laisser avec ceux qui rêvaient
D’une averse violente et d’un ciel orageux.
Des gens dont le visage à l’envers désoriente.
Leurs vêtements trempés tombent formant la boue
Dans laquelle nos pieds se creusent des pantoufles.
D’où venez-vous ? L’arrêt du bus au cimetière
Est source de soupirs parmi les passagers.
*
Nos chers disparus,
Nous avons laissé dans le filet
Nos valises pleines d’étoiles
Passées en contrebande indociles
Insomniaques
Veilleurs de nuit opaque nos hiboux
Parlent déjà le mort
Et nous descendons de la rame
Pieds plus longs que les regards à buter
Dans nos silences houleux
Sans un geste de trop qui pourrait nous rappeler au monde
Oublié
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Au pied du tilleul qui donne des figues en février : Eclaircie
Sous une fine pluie de printemps : Elisa
Déguisée en fée : Phoenixs
Dans la lune : 4Z.
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