C’est à la mer que se marie le romantique.
Le couple ainsi formé par le vent contrarie
La raison, or il dure et fracasse les vitres
Pour voir dans des maisons les poissons s’agiter
Comme les papillons de nuit près d’une ampoule
Au risque d’y laisser leurs écailles d’argent,
Car le regard au lieu de corriger le monde
Le distrait de son vœu le plus cher : perdurer.
Les coqs ne chantent plus et leurs cris à la ronde
Laissent indifférent ou sourd un empyrée
Où les dieux d’aujourd’hui concoctent des recettes
De cuisine connues quoique tenues secrètes.
.
La lune naît orange
Dans un angle du ciel
Puis surprise des yeux qui la regardent
Elle se farde pour se faire encore plus belle
Poudrée de blanc ressemblant à un Pierrot
Qui ne serait pas triste
Elle ombre un peu son visage
Juste pour reconnaître ceux
Qui savent la voir au-delà de son apparence
Sans apparat
Beauté nue
Surprise du reflet que lui renvoie le ruisseau
Elle glougloute avec l’eau
Frissonne avec le vent
Sa courbe est immuable cependant différente
Son indifférence n’est notable
Qu’au regard des mécréants
.
De belles nuits carnivores trompent la vigilance d’un zoo terne de banlieue.
La lune, ce soir là, décide d’être rousse et peut-être de filer à l’anglaise.
Certains clochers désertent les capitales, les toitures des maisons blanchissent à vue d’œil .
Il ne reste des temps passés que quelques poignées de sable dans les mains des enfants.
La lueur des étoiles déguise le ciel en visage monstrueux paré d’une multitude d’ yeux fiévreux.
Jamais auparavant la voûte céleste n’a revêtu une couleur aussi belle.
.
Le monsieur transpire sous les lourdes fleurs à demi fanées
Est-ce vraiment le moment de jeter une rose dans la terre ouverte ?
Tu souris en haussant le silence
Passent les nuages muets dans tes yeux sans regard
Tes enfants, petit troupeau noir, se serrent devant toi
En rang bien sage
Quelques voix partagent le pain sec de l’instant
Sous l’herbe sauvage un filet d’eau bruisse
Comme pour rappeler que les quais de gare emportent et rapportent aussi
Leur lot de passagers clandestins
Pauvres voyageurs chargés du soucis d’être à l’heure
En ratant la dernière…
Le monsieur transpire sous les lourdes gerbes épaisses
Un vent léger porte le chant des oiseaux occupés
Dans le parfum des étés fidèles et sans mémoire
.
Un été dessiné, colorié et animé par Eclaircie, Phoenixs, 4Z et moi-même.
Merci à Phoenixs pour le titre.