Author Archives: tequila
Les rats n’ont pas toujours raison
Le spectacle fait relâche
La voyeuse avide réserve son œil
Pour la reprise
Le rideau frémit-il
L’acteur serait parti à la pêche à la lune
Sur la bicyclette funambule
Et somnambule
Dans le train de nuit stoppé en pleine campagne
Les petits rats guettent les bourgeons
Sur l’estrade de la gare
Nous rangerons les livres
Dans les coffres de fortune
Les laisserons à la consigne
Ils sauteront dans les bras des patients
Pour leur illuminer l’attente
Un caniche en calèche
Un lèche frite en fuite
Croisés à la sauvette
Entre deux péages
Tout disparait parfois
Sous le goudron fumant
Déroutes programmées
Pour voyages incertains
Comme le gras trouble
L’eau qui dort d’un œil
Notre ombre se dédouble
Et glisse vers le fauteuil
On lutte en vain contre le vent
Il évite tous les obstacles
Et la vague est trop pacifique
Pour mordre le pied des statues
– A qui la faute Qui es-tu
Toi qui sans le moindre mot parles
– Même au silence je réplique
Les morts sauraient se tenir cois
Si l’autan leur montrait l’exemple
Mais l’horizon que l’on recoud
Avec un fil trop ordinaire
Ecarte tout préliminaire
Et craque ignorant les trois coups
– En colère tu lui ressembles
C est l hélice qui choisit la mouette rieuse – toujours
Le petit homme en uniforme comme tous les matins tente de la saisir par les pattes dans son vol
Perché en haut de son mat sa casquette s’est envolé
En un instant il ne sait plus s’ il doit attraper la mouette ou bien sa casquette
Quand l avion passe l’ hélice engloutit une mouette chapeautée et un homme penaud tangue en haut de son poteau
pourquoi les pommes tombent elles au sol?
Au commencement, il y avait en effet deux espèces de pommiers : ceux dont les pommes tombaient, et ceux dont les pommes montaient. Les pommes qui tombaient purent arriver jusqu’au sol, et ainsi germer en engendrant un nouvel arbre dont les pommes tombaient. Mais les pommes qui montaient n’atteignirent jamais le sol, et l’espèce des pommiers aux pommes qui montaient s’éteignit rapidement, parce qu’ils ne pouvaient pas se reproduire. Comme ils n’étaient pas adaptés, la nature les a donc éliminés. C’est ça la sélection naturelle. Si les pommes tombent, c’est donc grâce à la sélection naturelle ! Mais je vois déjà les malins qui m’objecteront que les cailloux eux aussi, tombent. Or ce ne sont pas des êtres vivants, donc ils ne sont pas soumis à la sélection naturelle, c’est évident. Donc l’explication précédente n’explique pas ce qui arrive aux cailloux. En fait, pour les cailloux, c’est encore plus simple :
Au commencement, il y avait en effet deux sortes de cailloux : ceux qui tombaient, et ceux qui montaient. Mais ceux qui montaient se sont envolés, ils sont donc partis très loin. C’est pour ça que tous les cailloux qui restent sur terre font la même chose : ils tombent.
la malade
Juste un frémissement de la lèvre supérieure
Suivi d’un e expiration nasale
La grenouille verte dont le cœur bat
Trois fois plus vite que le sien
La regarde sans ses paupières
Il n’y a pas de prince sous sa peau luisante
J’observe sa patte arrière et pense
Au nerf sciatique et son excitation électrique
A son muscle blanc qui se contracte
Et qui dégoute tant les anglais
La malade reprend une inspiration profonde
Toujours par le nez
Sa narine se dilate puis se relâche
Ses mains s’ouvrent en même temps
De la droite s’envole un papillon
De la gauche , la chrysalide ne s’est pas ouverte
Elle n’a pas vu s’envoler le diptère
Sa tête penche vers le cocon mort
Je crois qu’elle a envie de pleurer
Ou bien …. Ses yeux sont secs
Je me souviens du bistouri qui fend la peau
Des souris blanches
Pour mettre a nu ces petits organes crème
La malade me regarde maintenant
Elle voit l’envers de mes yeux
Elle voit les étincelles qui filent dans mon cerveau
L’activité fébrile de mes neurones épuisés
Est-ce un sourire ou rictus qui se dessine
Sur ses lèvres?
Les mandibules de la blatte arrachés à la pince
Sont disposés sur la feuille blanche
Mon dégout est passé
Il ne reste plus qu’a les dessiner sur mon cahier
Et les identifier correctement
Alors ses yeux deviennent opaques
Et disparait le faux sourire
Le papillon s’en est allé parla fenêtre entrouverte
Un pot d’échappement
Il ne s’échappera pas
Bien que son nom indique le contraire
C’est bien lui qui favorise la fuite de toutes les fuites
Ainsi dans ce wagon envahit de bruits sourds
Il tient lieu de secours
De roue de secours bien qu’il soit un tuyau
Le hasard du langage ou le hasard des mots
T’ont conduit cher tuyau
Bien des années après 20 ou même 30
En position centrale
D’une conversation nonchalante entamée
Entre deux verres d’une boisson pimpante
pleine de bulles et de vie
Alors parfois l’existence se résume
A ces souvenirs anodins
Et ces objets inutiles
Mais qui se trouvaient là un certain soir de blues
Ou toute notre vie se focalise soudain
Sur un tuyau chromé
Ridicule….
Il y a ces vingt ans que tout le monde chante
Il ya cette peau si douce
Et ses dents éclatantes
Il y a cette fougue
Il ya donc la vie
Et aujourd’hui
On sent qu’elle est partie bien loin
Trop tard…. Pour lui courir après
Mais qu’importe les tuyaux et la vie
Le chrome et l’énergie
Qu’importe
La fin des chemins et des routes
Des sentiers incertains
La fin de tout ce train
Qui file surement
Nous connaissons le bout
N’est-ce pas l’essentiel?
Noël au balcon, recomptez les moutons
Depuis que ciel crache des noyaux
Ni même le goût du voyage
Dans ces berlines qui vont au trot
On reste chez soi quand il neige trop
Pour tromper les apparences
Tendre à son poisson rouge un micro
Ne le distrait pas du silence
Dans lequel il s’enferme comme dans un couvent
Une jeune fille au regard émouvant
De peur de les éveiller taisons-nous
De telles énigmes seul le temps les dénoue
Ainsi j’ai retrouvé ma tête
Et vous vos yeux sous la voilette
Le guetteur attend au coin des pensées
Que le bleu du ciel envahisse les oreilles
Masquant à la vue les vols de grues
Les volutes des cheminées éteintes mais frondeuses
Les pattes d’oie sur sol meuble
Il sait que les sables ne sont mouvants qu’à heure fixe
D’un clou il immobilise les hiboux dans leur cri
La forêt soupire et cache ses dernières feuilles
Où est écrite la fin de l’histoire secrète
Des amours interdites de la lune et du poète
Il avait le dessein de l’enlever à l’aube
Mais d’un croissant de plume malhabile
Il a sombré dans le reflet d’une étoile jalouse
De l’étable voisine
Il neigeait de l’avoine
Des cliquetis de licous
Et des secrets d’alcôve
Depuis le lit fermé
Des soupirs de désirs
Des sourires de dentelles
Mettaient la paille en feu
Débonnaires de minuit
Les heures s’envolaient
Vers les cendres du matin
Frileuses croquemitaines
Il naitra en septembre
Murmura René
Il aura tes yeux dit Julienne
On l’appellera Noël
L auscultation lui donna raison
Les borborygmes de son ventre étaient long et sourds
GLOU OU OU
Le manuel du castor junior lu avait appris a les reconnaitre
Le souffle utérin de sa mère ne ressemblait a rien
Au PLIC PLOC de l’eau sauvage
qui envahissait son estomac repu
C’Était donc ça! La vie…
Était il raisonnable de sortir ?
Seule la tendre voix d’un quadrupède l’attirait hors des entrailles
MEUHHH
Sa main s’aventura dans la chair
Et quand son doigt dodu toucha ce museau humide et chaud
Il la vit: Marguerite , la vache rouquine
par ordre alphabétique eclaircie heliomel 4Z2A84 téquila
Abat-jour – Paul Geraldy (« Toi et Moi »)
Tu demandes pourquoi je reste sans rien dire ?
C’est que voici le grand moment,
l’heure des yeux et du sourire,
le soir, et que ce soir je t’aime infiniment !
Serre-moi contre toi. J’ai besoin de caresses.
Si tu savais tout ce qui monte en moi, ce soir,
d’ambition, d’orgueil, de désir, de tendresse, et de bonté !…
Mais non, tu ne peux pas savoir !…
Baisse un peu l’abat-jour, veux-tu ? Nous serons mieux.
C’est dans l’ombre que les coeurs causent,
et l’on voit beaucoup mieux les yeux
quand on voit un peu moins les choses.
Ce soir je t’aime trop pour te parler d’amour.
Serre-moi contre ta poitrine!
Je voudrais que ce soit mon tour d’être celui que l’on câline…
Baisse encore un peu l’abat-jour.
Là. Ne parlons plus. Soyons sages.
Et ne bougeons pas. C’est si bon
tes mains tièdes sur mon visage!…
Mais qu’est-ce encor ? Que nous veut-on ?
Ah! c’est le café qu’on apporte !
Eh bien, posez ça là, voyons !
Faites vite!… Et fermez la porte !
Qu’est-ce que je te disais donc ?
Nous prenons ce café… maintenant ? Tu préfères ?
C’est vrai : toi, tu l’aimes très chaud.
Veux-tu que je te serve? Attends! Laisse-moi faire.
Il est fort, aujourd’hui. Du sucre? Un seul morceau?
C’est assez? Veux-tu que je goûte?
Là! Voici votre tasse, amour…
Mais qu’il fait sombre. On n’y voit goutte.
Lève donc un peu l’abat-jour.
Paul Geraldy (« Toi et Moi »)
1885
l’amour – le prophete Khalil Gibran
Alors Almitra dit, Parle-nous de l’Amour.
Et il leva la tête et regarda le peuple assemblé, et le calme s’étendit sur eux. Et d’une voix forte il dit :
Quand l’amour vous fait signe, suivez le.
Bien que ses voies soient dures et rudes.
Et quand ses ailes vous enveloppent, cédez-lui.
Bien que la lame cachée parmi ses plumes puisse vous blesser.
Et quand il vous parle, croyez en lui.
Bien que sa voix puisse briser vos rêves comme le vent du nord dévaste vos jardins.
Car de même que l’amour vous couronne, il doit vous crucifier.
De même qu’il vous fait croître, il vous élague.
De même qu’il s’élève à votre hauteur et caresse vos branches les plus délicates qui frémissent au soleil,
Ainsi il descendra jusqu’à vos racines et secouera leur emprise à la terre.
Comme des gerbes de blé, il vous rassemble en lui.
Il vous bat pour vous mettre à nu.
Il vous tamise pour vous libérer de votre écorce.
Il vous broie jusqu’à la blancheur.
Il vous pétrit jusqu’à vous rendre souple.
Et alors il vous expose à son feu sacré, afin que vous puissiez devenir le pain sacré du festin sacré de Dieu.
Toutes ces choses, l’amour l’accomplira sur vous afin que vous puissiez connaître les secrets de votre cœur, et par cette connaissance devenir une parcelle du cœur de la Vie.
Mais si, dans votre appréhension, vous ne cherchez que la paix de l’amour et le plaisir de l’amour.
Alors il vaut mieux couvrir votre nudité et quitter le champ où l’amour vous moissonne,
Pour le monde sans saisons où vous rirez, mais point de tous vos rires, et vous pleurerez, mais point de toutes vos larmes.
L’amour ne donne que de lui-même, et ne prend que de lui-même.
L’amour ne possède pas, ni ne veut être possédé.
Car l’amour suffit à l’amour.
Quand vous aimez, vous ne devriez pas dire, « Dieu est dans mon cœur », mais plutôt, « Je suis dans le cœur de Dieu ».
Et ne pensez pas que vous pouvez infléchir le cours de l’amour car l’amour, s’il vous en trouve digne, dirige votre cours.
L’amour n’a d’autre désir que de s’accomplir.
Mais si vous aimez et que vos besoins doivent avoir des désirs, qu’ils soient ainsi :
Fondre et couler comme le ruisseau qui chante sa mélodie à la nuit.
Connaître la douleur de trop de tendresse.
Etre blessé par votre propre compréhension de l’amour ;
Et en saigner volontiers et dans la joie.
Se réveiller à l’aube avec un cœur prêt à s’envoler et rendre grâce pour une nouvelle journée d’amour ;
Se reposer au milieu du jour et méditer sur l’extase de l’amour ;
Retourner en sa demeure au crépuscule avec gratitude ;
Et alors s’endormir avec une prière pour le bien-aimé dans votre cœur et un chant de louanges sur vos lèvres.
Le cataplasme de la Martyre
Le cataplasme de la Martyre
Où sont les précieuses amandes effilées ?
Une blessure d’amour sale comme une peau morte
Que le vent transporte au hasard des rides écartelées
Perd ses illusions devant tant de pots cassés
Débris désemparés cherchent colle à chaud
Fissures esquissées cherchent collagène
Il y a des yeux dans le bouillon du cahier
Qui cherchent les lignes de la main
Mais les draps sont en colimaçon
Parmi le camphre et la cardamome
Dans vingt huit secondes le champ magnétique sera rompu
Et les tubercules malins seront libérés
Ils ramperont et si les druides de la forêt ne les contrarient pas
Avec leur gui et leur serpe ,avec leurs danses et leurs chants
Ils envahiront comme la nappe la table
Comme la nappe la mer
Comme la nappe hydrocarbure
Ils envahiront les interstices de ma terre
Sous les oignons sous les racines
Les radicelles ridicules des iris
Les bourgeons et les yeux des cucurbitacées fatiguées
Ils envahiront tristes hères la terre et sans relâche
Se multiplieront à tout jamais et pour toujours
Comme si l’infini avait un bout
Comme si le chien qui se mord la queue avait un but
Fi de la noix ou de la fraise, la marquise aime les entrailles
Ses gants noirs s’effilent en longues traces sombres
Qui donnent au vent sa direction quelle que soit la saison
Elle les aime en écailles luisantes oblongues et lisses
C’est son péché mignon sa faiblesse sa folie
Et quand elles viennent à manquer, la belle marquise
Aux yeux de langouste milanaise pousse des hurlements
Déchirants que l’on entend d’un pôle à l’autre
Alors chaque homme enamouré se mue en loup puissant
Et creuse de ses griffes les profondeurs de la terre
Le jour éternue et s’envole la jupe du pont
Qui joue à pile ou face le nom de la péniche
Celle qui l’emportera loin du vent les pieds au sec
Loin des indifférents qui le martèlent
Alors qu’il rêvait de soupirs seulement pour lui
On sait bien que les amoureux préfèrent l’onde
Et le creux du ciel qu’ils partent rejoindre
Tellement légers que la pierre absente sous leurs pas
Ne les empêche de rire encore ni de traverser le temps
On l’a retrouvé quelques saisons plus loin
A l’orée d’un sombre bois la rambarde offerte
Au dernier signe de passagers en parchemin
On frappe à la porte et quelqu’un répond
Il te ressemble
Vous partagez le même nom
Et le même visage
Mais vos yeux ne vous appartiennent pas
Ils glissent le long d’un regard
Qui ne s’arrête sur rien
Car rien d’irremplaçable ne s’offre à lui
Plus loin d’un pont quelqu’un se jette à l’eau
Est-ce le même homme
Aucun joueur de billes ne s’en inquiète
Les agates fondent au soleil
Ou crèvent comme des bulles dans les poches
De pantalons maintes fois rapiécés
dans un désordre alphabétique: Heliomel 4Z Elisa Eclaircie Téquila
Cauchemar – Verlaine
Cauchemar
J’ai vu passer dans mon rêve
– Tel l’ouragan sur la grève, –
D’une main tenant un glaive
Et de l’autre un sablier,
Ce cavalier
Des ballades d’Allemagne
Qu’à travers ville et campagne,
Et du fleuve à la montagne,
Et des forêts au vallon,
Un étalon
Rouge-flamme et noir d’ébène,
Sans bride, ni mors, ni rêne,
Ni hop ! ni cravache, entraîne
Parmi des râlements sourds
Toujours ! toujours !
Un grand feutre à longue plume
Ombrait son oeil qui s’allume
Et s’éteint. Tel, dans la brume,
Éclate et meurt l’éclair bleu
D’une arme à feu.
Comme l’aile d’une orfraie
Qu’un subit orage effraie,
Par l’air que la neige raie,
Son manteau se soulevant
Claquait au vent,
Et montrait d’un air de gloire
Un torse d’ombre et d’ivoire,
Tandis que dans la nuit noire
Luisaient en des cris stridents
Trente-deux dents.