Le ciel de novembre charrie sa cohorte
d’agneaux mangeant les loups
d’oiseaux sans ailes en équilibre
sur le fil d’une araignée dont les pattes géantes
ne cachent pas même les mandibules voraces
À gauche la poussière du dernier galop de licornes
s’effiloche sous les yeux de la chouette effrayée
Griffes et cornes s’entremêlent dans une arène grise
Et lorsque le vent faiblit et meurt
la lune et la grande ourse reprennent leur conversation
sur la branche maîtresse d’un arbre jamais grandi
***
Zoo file,
Cornu, biscornu le zèbre
Porte ses raies à l’envers
Dans cet endroit
Droit devant le popotame
Fonce à l’aveugle
Belle la girafe croque son nuage
Laiteux laitue du ciel
Où passent les aigles
Vertigineux et borgnes
Nous rampons mêlés de sel
Et de suie
Suivant le cours émotionnel
Des larmes de crocodile …
***
Immersion
En eaux troubles …
Observons
Du fond des océans
Les différents méandres
De notre humanité
Rendez-vous à
« Allée de Tourbillons de Karman »
Le voyage
Ne fait que commencer
Requins, Loups, Poissons-clowns, Dauphins,
Chouette,
Il me tarde
Vraiment
De pouvoir replonger
Dans le grand bain :
Humant, dégustant
Ces saveurs sucrées salées
Amères, Passions Renversant
Tout sur sa lancée
Transformant
Ce ver en vers
Que la chouette effraie
Émotionnellement
Fredonne
Avec le Rouge gorge son ami
Un seul hululement
Me vient de ces bestiaires retrouvailles
Et me voilà, dès l’Aube
Dans la grisaille, écoutant avec joie
Le chant des baleines boréales
***
À l’inventaire de décembre
un garde-manger de nuit, rogne, rugit d’effroi dès qu’on l’approche
un serpent lové Au chaud Au fond du tiroir des possibles, dort au milieu des slips
un lac s’étend – œil exotique – idéalement clair entre cinq et sept heures du matin Tout au fond, vous pourrez voir les premiers âges du monde
un cœur, animal petit, court sur pattes Vif comme la lumière Quand il est plein
un poney Abandonné en plastique rose Depuis l’année dernière sur l’étagère du salon, furieux, vous montre son derrière
un porc-épique – intempestif, annonce la fin du monde en boucle. Retirer la fiche du secteur pour qu’il s’endorme enfin.
la salamandre dans le poêle à mazout, s’en fout visiblement d’être une salamandre, partage avec vous ce petit verre de vermouth, Et fait comme ça, Et fait comme si ! Comme si l’hiver n’allait pas durer.
d’autres bêtes, minuscules ou énormes, empreintes de bêtes, de non-bêtes, bêtes-interstices dans le mur, entre tout à l’heure et tout à l’heure, bêtes aériennes ou apaisantes, parentes, ou transparentes, et qui se mêlent au va-et-vient de votre souffle à l’heure où vous baissez la garde
Très étonnant comment le mouvement a surgi de notre poème à plusieurs mains. Il est initié dans le ciel par Éclaircie, Phoenixs le poursuit en fonçant et en rampant, Marjolaine lui offre l’immersion, et Bossman l’immobilise au coin du feu.
Nos amies les bêtes font la danse de saint gai sous le regard berger des ombres qui les accompagnent.
Grâce à Marjolaine, j’ai appris l’existence des Allées de Tourbillons de Karman. Cela ferait une belle adresse pour habiter une belle planète !
La chouette effraie, bien présente, peuple notre espace multiforme.
« Dans l’interstice du mur », « l’immersion émotionnelle », à « l’endroit comme à l’envers » est une « arène » colorée où la danse est tourbillonnante.