L’élégance des lumières,
Certains mots, après avoir longtemps volé très haut dans les nuages blancs, se posent près de nous. Sur une branche, sur le dossier d’une chaise de jardin, sur un sol fraîchement remué.
C’est à chaque fois un petit miracle que, pour ne pas interrompre, nous contemplons immobiles. Même notre respiration se fait plus discrète car rien ne doit troubler le mot.
Celui-là est de ceux qui émerveillent. Longtemps captif dans une cage, dorée mais toujours close, il vivait dans le luxe capiteux des odeurs bien nées. A présent, privé d’une lettre, abandonnée pour franchir les barreaux, il est accompagné des senteurs boisées de son nouvel habitat, de celles des terres humides, des fleurs indomptées, des sols tapissés d’herbes inventives.
Son dos est parsemé de lettres qui composent, au gré des lumières, des poèmes différents, un peu sombres mais brillants.
Lorsque le mot s’envole, il nous semble distinguer, au moment où il touche le ciel, la silhouette très fine d’une femme, élégante.
Et nous restons là, tête inclinée. Au sol mais plus légers.
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Enfouie
au plus profond de ma mémoire
ressurgissent
les couleurs parfumées de l’enfance
Quelques notes fraisées
se rappellent à mon doux palais
et j’hume, déambulant
dans le jardin d’été,
les fières tomates grimpantes
et les odorants rosiers multicolores …
avant de revenir en courant
savourer avec plaisir
ce merveilleux sorbet aux fraises
de mes tendres années.
Lorsque on y repense
toutes ces fragrances
font de nous ce que nous sommes
Il suffit de presque rien
une note, un doux parfum
pour nous voir replonger
dans le grimoire de notre histoire …
De l’enfance à l’amour
il n’y a qu’un pas,
tout est question d’attirance
tout résonne
qu’est-ce que tu sens bon
je m’sens bien à tes côtés
et si on plongeait
dans notre voyage d’amour qui nait, en fragrance?
Dans le fond, nez contre nez, que t’en penses?
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Un petit air(r) s’est envolé
Chargé d’effluves
Pour égayer les cerveaux aseptisés
Le dictionnaire et l’académie
Offrir la légèreté au printemps
Qui fleure la hâte et le bonheur
Des senteurs mêlées de toutes les teintes
Tandis que les fruits lourds et charnus
Guettent le soleil à son zénith
Embaumant jusqu’à la nuit
Sous la lune gourmande et câline
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Roulez mécaniques fantômes
A pleine allure en matin métal
Plomb confondu
Avec l’or des haleines sèches
L’essence sème le trouble
Sur les routes rectilignes
Dont le parfum se perd
En bitume froid
Sur nos chemins incolores
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Par ordre d’apparition : Elisa, Marjo, Eclaircie et bibi, sans oublier Plume bleue qui parfume son encre et 4Z le » nez » du petit cercle des parfumeuses…
Merci à Élisa pour le titre inspiré de son texte. Nous sommes au rendez-vous sur la coiffeuse de nos écrits qui ne perdent pas de leur parfum subtil.
Qu’il en soit ainsi le plus longtemps possible.
Que de be
oupss, je reprends,
que de parfums, senteurs lointaines ou proches, pour rappeler à notre souvenir les strates de la vie.