Sur les gradins de bois
L’enfant écarquille les yeux
Devant les couleurs jouant l’arc-en-ciel
Les nez rouges et les paillettes
Sous le chapiteau
La clameur prend parfois des allures plus sombres
Les grands ont oublié la magie de l’enfance
Des trapézistes et acrobates
Et du jeu pour jouer
Seules les montagnes savent la force des miroirs
****
Comme tout est blanc sur cette place vide !
Il ne faut surtout pas fermer les yeux
Les couleurs se tiennent prêtes à éclater
À se saisir de tout l’espace pour le colorier
Couleurs criardes !
Et le bruit les suivrait
Et la foule dans la foulée
Non ! Il ne faut pas fermer les yeux :
Le ciel serait enseveli par les robes et les pantalons
Des adultes sans oreilles qui hurlent chaque mot
Je redeviendrais toute petite étouffée par le monde
Devrais, encore une fois, me réfugier sous l’oreille d’un éléphant
Ou derrière la crinière d’un pauvre vieux roi sans royaume.
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Barnum sur mer,
Sous la toile d’attente
L’arène
Le sable sale humide de courses
Perdues
De chutes en rire
D’outrages délicats
Modernes.
Le roi trône Ubu froid
Défait sans cour
Et les nez rouges éperdus
Trébuchent sous les lazzi.
Éternel spectacle des
Mimes ficelés au silence
D’en haut…
****
Sur la grande place
Le chapiteau était dressé
Une voiture bariolée
Munie d’un haut-parleur
Vantant la féerie du cirque
Avait circulé dans toute la ville
Du fabuleux, du sensationnel
Le soir de la première représentation
Monsieur Loyal entrait en scène
Chapeau haut de forme et queue de pie dorée
On ressentait l’excitation des bambins
La joie des grands de redevenir enfants
Après le succès des agiles jongleurs
Enfants de la balle dès le berceau
On annonçait l’éclatante trapéziste
Qui brilla par son absence
Toujours partante pour jouer la fille de l’air
Elle avait plié bagage, pris son envol
Dans une compagnie aérienne
Les clowns n’avaient plus le cœur à rire
Pourquoi faire bonne figure sous le pli de la grimace
Les tartes à la crème n’y changeraient rien
Tout n’était que déconfiture
Ils enlevèrent perruques, nez rouges et autres fanfreluches
Puis sans autres doublures
Disparurent dans un silence sépulcral
Dans les gradins, tout se dégrada très vite
Avec la moue des petits éplorés
Le public scandait « Remboursez »
Monsieur Loyal voulant détourner le fiasco
S’empressa d’annoncer le prochain numéro
Avec son fervent enthousiasme
Mais tout le monde resta ébaubi
Un vieil éléphant…très fatigué !
A la peau fissurée et à l’œil larmoyant
Probablement le doyen du zoo circus
Arriva d’un pas indolent sur la piste
Envoya paître son dresseur
Et dénonça l’illusoire magie
Dans un perçant barrissement
De la piste, une à une les étoiles tombèrent
Entraînant dans leur chute
Les rêves d’apesanteur
Sous l’outrage de l’innocence perdue
****
Sur la Piste aux Étoiles
Je tourne
Je caracole
Je plonge mon regard d’équidé
dans celui du Monde
Et je vois quoi?!
Des Funambules
qui essayent de
danser leur vie
Des Clowns-Musiciens
qui réapprennent
le Rire et l’Émerveillement
aux enfants devenus grands
Des Équilibristes
qui se rattrapent au dernier fil
d’Humanité pour ne pas perdre
leurs rêves
Sous le Chapiteau
les Acrobates
en deux saltos arrière
sont au sommet de la Pyramide
d’Égypte
pour mieux survivre et retomber sur leurs pieds ensuite
Et qu’On soit de
Rome, de Venise
ou d’Ailleurs
L’histoire est à chaque fois
la même et unique à la fois
Pour le Voyageur
que Nous sommes
sur cette Planète
l’espace d’un instant
Tout s’arrête
Excepté peut-être
dans le Massif du Mont-Perdu
au Cirque de Gavarnie
Où un peu de poudre de riz
et de Magie retombent sur la Beauté du Monde
grâce à l’enfant en chacun de nous
qui voit autrement et croit encore que
Tout est Possible
Assurément
Et c’est ainsi qu’c’est reparti pour
Une Danse au Cirque d’Hiver, Plume et
du Soleil « Levant »
Et comme le chante si bien Mouron
» Tant qu’il y aura des clowns…
On n’oubliera jamais
qu’on vit pour jouer
tant qu’il y aura des clowns »
Ce fut un long temps avant de recevoir tous les forains sur l’esplanade des mots, mais un tour et les voilà sous vos yeux. Bonne lecture. 4Z sur son croissant de lune, sourit en Pierrot.
Bonjour aux plumes fertiles,
Un joli tour de piste, quelques nez rouges, un trapèze, une veste à carreaux, un dompteur en justaucorps léopard, quelques écuyères….l’ambiance était là, nos regards sur la piste aux étoiles aussi…
Au cirque de Géo Norge
Et maintenant, Mesdames et Messieurs, nous vous présentons, en grande première mondiale, sans cage, avec son poitrail multicolore et toute sa crinière au vent : le bonheur. (Tambour et musique). Il apparut. C’était vrai, c’était le bonheur. Et de quelle taille ! Comme il n’était pas encore apprivoisé, il se jeta sur le public en rugissant et dévora la plupart des spectateurs.
Je l’aime bien celui-ci 😉
Les chiens comédiens de la Foire du Trône de Nicolas Brazier
Vers la fin de l’empire, une troupe de chiens s’illustra sur le Théâtre du Palais-Royal ; il y avait le jeune premier et la jeune première, le comique, le tyran, le père noble, la soubrette, le corps de ballet, etc. Ces artistes à quatre pattes jouaient un mélodrame émouvant, dont l’héroïne était une jeune princesse russe, enfermée dans un château par un tyran farouche et que son fiancé voulait délivrer.
La princesse, jolie épagneule à longues soies, se promenait mélancoliquement sur la tour, au pied de laquelle rôdait, langoureux et triste, le prince son fiancé, appartenant à la race des caniches. Tous deux s’aboyaient tendrement leur amour. Le tyran était un affreux bouledogue au gros nez camard. Les troupes du fiancé venaient se ranger sur la scène ; c’étaient des barbets, des lévriers, des bassets avec un clairon qui avait la queue en trompette.
L’armée ennemie se composait de danois, de chiens anglais de griffons, de roquets, de carlins. Les éclaireurs circulaient furtivement, tenant dans la gueule un bâton avec une lanterne à chaque bout. L’assaut s’exécutait avec furie, et, après des péripéties diverses, la princesse innocente était délivrée et le tyran farouche emmené prisonnier ; avec les honneurs dus à son rang.
Le spectacle terminé, on donnait un os à ronger au général en chef une pâtée à l’amoureuse et des boulettes à tous les artistes.
Ce que c’est beau, le cirque de Jacques Audiberti
Ce soir le cirque vient au village
On s’amusera.
Les trapézistes ! Le bel attelage
De Miss Barbara !
Ah ! dis ! ce qu’elle est longue
la trompe de l’éléphant !
Et, tu parles ! le phoque,
comment qu’il se défend !
Regarde ! les couteaux
qui tombent dans la cible !
Les acrobates… Tout vole en l’air
pas possible !
Et ce nain ! Il a l’air
D’un géant mal écrit
Ce que c’est beau le cirque !
Ce que c’est beau, mon Chéri !
Le cirque est reparti, laissant un rond dans l’herbe.
Et puis moi je suis seule et je tourne dedans
Je tourne comme un vieux cheval. Adieu, superbe,
adieu vorace instant quand nous marchions ardents.
Des petits cadeaux de poésie pour vous cinq…
J’espère que vous les aimerez
Magnifique plongée dans l’enfance du Magique!
Merci les Filles pour votre talent d’écriture qui nous donne à voir à redécouvrir un univers fabuleux et unique à la fois!
Musiciens, bateleurs, enfants, joie de Carlo Betocchi
Les voici, doux et brunis par le soleil
les musiciens des rues :
de leurs guitares, de leurs violes
ils sèment les accords à tout vent.
Cela se passait aux heures calmes,
blanches, dans la douce chaleur méridienne.
Couverts de joyaux, ruisselants de couleur
voici les bateleurs : « Nos sauts périlleux sont notre vie et notre mort ;
que ceux qui nous aiment soient généreux ! »
Cela se passait au jour tombant,
au plein de l’été, quand les épis embaument.
Simples, candides, s’égaillant
dans les prés moelleux et givrés,
ils dansent, ils volent, joyeux,
les enfants en blanches mousselines.
Cela se passait en avril florissant,
les sources gémissaient l’air était léger.
Saltimbanques de Guillaume Apollinaire
Dans la plaine les baladins
S’éloignent au long des jardins
Devant l’huis des auberges grises
Par les villages sans églises
Et les enfants s’en vont devant
Les autres suivent en rêvant
Chaque arbre fruitier se résigne
Quand de très loin ils lui font signe
Ils ont des poids ronds ou carrés
Des tambours des cerceaux dorés
L’ours et le singe animaux sages
Quêtent des sous sur leur passage
Clown de Werner Renfer
Je suis le vieux Tourneboule
Ma main est bleue d’avoir gratté le ciel
Je suis Barnum, je fais des tours
Assis sur le trapèze qui voltige
Aux petits, je raconte des histoires
Qui dansent au fond de leurs prunelles
Si vous savez vous servir de vos mains
Vous attrapez la lune
Ce n’est pas vrai qu’on ne peut pas la prendre
Moi je conduis des rivières
J’ouvre les doigts elles coulent à travers
Dans la nuit
Et tous les oiseaux viennent y boire sans bruit
Les parents redoutent ma présence
Mais les enfants s’échappent le soir
Pour venir me voir
Et mon grand nez de buveur d’étoiles
Luit comme un miroir