DES ETOILES SOUS LES PONTS.
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Le roi singe,
Siéger au sommet de l’arbre
Sur la dernière branche
Près des étoiles mortes
Confère à l’animal un droit
De vie et de mort
Sur le régime de bananes
Que lui tendent les polis
De l’espèce pacotille
Et comme le roi reste le roi
Il tombera avec la branche
Dans sa pelure en peau de vent
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Les mains du tisserand l’ont abandonné
Pour courir de toile en toile
Où jamais la trame ne transparaît
Voile opaque mais si ténu
Que tous les brins agrippés les uns aux autres
Ne laissent l’automne les roussir
Ni l’hiver les approcher
Le tisserand de son souffle
Tente sur la vitre d’imprimer sa pensée
Éphémère elle s’estompe et se noie dans la brume
Le souffle au vent mêlé ne dessine plus que le silence
Le tisserand sait le fleuve et l’accueille en son lit
Refuge où son chant surgira
Lorsqu’une main choisira d’arrêter la vague
De caresser l’écorce et de tresser les mots épars
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Comme une pluie qui remonterait depuis la source
Les souvenirs se morcellent sur la bande noire
D’un ciel dépourvu de lumière
Dans le nid chaud du cerveau palpitant
Quelques scènes muettes s’animent sans le moindre spectateur
Aucun applaudissement ne rompt l’effroyable silence
Seul un rideau rouge projette sa couleur
Sur les joues et les lèvres livides des acteurs
Revenus pour un temps de l’oubli et des ombres
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Sous la lune les gens changent de visage :
Ils ont parfois une oreille à la place du nez,
Leur front disparaît au profit d’une méduse
Multicolore et très démonstrative,
Leur bouche devient un tiroir
Dans lequel on retrouve ses chaussettes
Celles que l’on cherchait depuis plusieurs mois…
« Je ne compte plus sur elles pour voyager »
Avouait avec résignation l’ornithorynque.
Même nos sourires ne montraient plus leurs dents !
Faut-il casser la lune pour réussir une omelette
Et rafraîchir des joues trop tôt flétries ?
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On a reconnu, dans le désordre :
Eclaircie
Elisa
Phoenixs
et 4Z.
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A chaque ligne comme à chaque vers une aventure pour l’esprit lorsqu’il accepte de sortir des sentiers battus. Ici l’émotion et l’humour se donnent la main et traversent des jardins et des paysages surprenants.
Casser la lune pour rafraîchir des joues trop tôt flétries et s’éloigner de l ‘oubli et des ombres, pour arrêter la vague et recueillir les mots épars, casser la lune pour la ramasser tombée de sa branche dans sa pelure en peau de vent…J’ai mélangé (provisoirement) toutes les images mais, à part la lune, je n’ai rien cassé, promis !
La pelure en peau de vent a-t-elle été tissée par l’homme de cet art ? Peut-être doit-elle s’appliquer sur ces joues, frontières à ce cerveau palpitant.
Les images à l’endroit, à l’envers, montantes ou descendantes sont un jacquard que ne reniera pas le tisserand. D’ailleurs est-il homme, est-il singe ? L’ornithorynque de rouge vêtu nous dira à la prochaine Lune.
On était partis avec le tisserand des ombres et voilà que l’on retrouve dans ses chaussettes une lune rouge hilare qui redonne à la comédie animale toute sa saveur sans méduses !
Heureusement que les branches sont aussi occupées par des » cerveaux palpitants » 😉