Dans le jardin ensoleillé, une longue dame rêve
Sous la fine peau de ses belles paupières une ville s’élève.
Les pieds dans la brume des grandes chaleurs d’été
La tête ceinte de petits nuages blancs posés sur le ciel bleu
C’est une ville joyeuse qui crie, chante, klaxonne
Et s’étend, toute blanche, sur les pierres d’autrefois.
Dans son sommeil, la longue dame ne peut s’empêcher de sourire
Allongée sur les briques tièdes d’un très vieux mur
Elle apparaît à ceux en qui elle a confiance
Les autres ne voient rien d’autre
Qu’une branche de lierre accrochée à une ruine.
Les poubelles du diable,
Ils abandonnent la ville aux rats
Aux chiens aux ruisseaux rouges
De haut en bas la boue masque les visages
Graves des visiteurs déçus
Ainsi la vitrine propre qu’offrait le roi
Aux manants de hasard
S’étoile-t-elle de chiures sociales
De ces presque riens qui dérangent les mouches
Agitées des courtisans
Derrière les grandes portes de bois humide
Les enfants sages rient à soleils déployés
Les couloirs du métro s’en sont allés
Voir les sentiers de forêts
Les chemins entre les dunes
Le lit des ruisseaux
Et le pied des arcs-en-ciel
Emportant avec eux les passants incrédules
Les plus timorés tentent de remonter
Les escaliers et tapis roulants
N’osant quitter même pour un rêve
Ce cocon bruyant mais protecteur
Ce boyau infini qui tous les jours happe
Leurs sourires et leurs voix
Qui sera debout la prochaine nuit ?
Guettant la lune et les frissons d’une esplanade
Ouverte à tous les yeux avides de lumière
La source vous sourit lorsque vous avez soif
L’eau ne fait pas attendre les nageurs
Le jour dispense sa lumière aux peintres
Et pour les impatients l’horizon reste un but
Que l’on ne vise pas avec des boomerangs
Gardez-vous le droit de vous plaindre
Quand la pluie joue son air mélancolique
Sur vos vitres et sur les toits dont les ardoises
Et les tuiles chatouillées rient
Ne songez plus à vous couvrir
D’un renard bleu car le soleil sort de son nid
Chaque rayon choisit parmi les misérables
Le plus frileux et le réchauffe
Avec la vie ne perdez pas le privilège
De vous baigner dans l’or en tenue d’Eve
Dans le rôle du soleil : Phoenixs
Dans celui de l’or : 4Z
Élisa tient celui du ciel bleu
Éclaircie celui de la lumière
Un grand merci à Phoenixs pour le titre et pour ma part inspirée de ses mots.
Si nous baignons toujours dans les eaux limpides de la poésie, la réalité n’est jamais très loin. Chacun dans un bras du fleuve, ce que nous offrons au courant (commun) rehausse l’ensemble de couleurs personnelles pour une toile d’un art nouveau.
Le sourire d’une dame au-dessus des fous qui remontent les escalators pour s’en aller debout poser leur renard bleu dans les nuages, debout les incrédules ont enfin remarqué le lierre fin en couronne sur l’horizon, le boomerang reviendra dans la figure de l’imprudent qui confond la réalité pour un rêve abouti.
J’aime bien que cette semaine soit sous l’auspice d’une dame bienveillante.
Des couloirs et des sentiers, une baignade dans l’or, une ville imaginaire et un rire « à soleils déployés » : je découvre un nouveau détail à chaque lecture et il y a tant d’images que je n’ai pas encore réussi à tout regarder.
C’est ici un autre monde…
Est-ce que les éboueurs oublieraient de soulager la Côte d’Azur ? Une fée bienveillante changerait-elle la couleur du ciel au-dessus du Pas-de-Calais ? Le métro se propagerait-il dans la campagne lyonnaise ? Sent-on combien la pluie s’adoucit sur la capitale frileuse ? Les préoccupations de chacune comme de chacun montrent le bout de l’oreille ou du nez dans ces textes au demeurant inventifs portés par des imaginations toujours en éveil. Ebloui je le suis comme vous qu’il fasse beau ou laid nuit ou jour.