Ecrire sur le sable la neige et le vent.
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Les matins ne sont plus assez grands
Quand tous les aquariums s’imaginent devenir océan
Et les poissons s’égarent dans des sous-sols
À ciel ouvert ou s’agglutinent sur le sable
Comme estivants en mal d’imagination
Les matins sont trop sombres
Pour que les reflets restent dans les miroirs
Et l’on voit des colonnes de silhouettes
Hanter toutes les landes à la recherche d’un lac
D’un étang ou d’une flaque d’eau simplement oubliée
Les matins sont trop brefs
Ils ne laissent plus filtrer de café dans les tasses
Celles-ci tombent en poussière et plus personne
Ne lit désormais l’avenir le passé ou même de livre
Déjà la lumière s’immisce dans tous les lits des rivières
On replie sa vie sous l’oreiller on lisse ses écailles
Et l’on reprend la course qui fait tourner la terre
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La première goutte d’eau
Tombe sur le toit qu’elle traverse
Le pire des acides
Creuse le crâne de la maison
Et s’introduit dans le cerveau
Comme une aiguille dans une pelote
Les meubles s’agitent
Le buffet ne supporte pas une intrusion
Ni la table un couvert de plus
Quant au lit sa place est vide
Il a quitté le cerveau à l’aube
On le trouverait parmi les péniches
Sur un fleuve qui roule en silence
Pour ne pas nous réveiller
Mais personne ne pêche
A la ligne une ombre.
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Nuit,
On aurait bien aimé en dire plus mais la voix s’est coincée
Le mot lui-même toussote dans ses moufles
Impossible de rendre un sens aux sons
Plus le temps mouline plus le vent tombe dans les voiles molles
Ce n’est pas encore aujourd’hui que nous voguerons dans les plis des vagues
L’air de rien si fiers d’être légers piqués comme des étoiles dans les yeux vifs
On aurait bien aimé en dire plus mais les sirènes crèvent de froid…
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Sur la neige on trouve des rêves
Anciens ou récents
Rêves dégradés par l’absence de paroles.
Un battement de cœur, une musique mutique
L’enfance s’isole et s’arme.
Où sommes-nous tandis qu’elle grandit ?
Sa frimousse encore barbouillée d’innocence
Elle détruit les murs de notre imaginaire
Et, tapie derrière ces étranges barricades
De débris et d’étoiles,
Vieillit seule en son monde, bien avant l’heure.
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Avec les voix
d’Eclaircie,
d’Elisa,
de Phoenixs
et de 4Z.
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Les miroirs avalent ceux qui ont le malheur d’y plonger.
Et les aquariums jalousent les océans.
L’enfance est-elle suffisamment armée
pour tenir tête à la nuit
quand les mots toussotent
quand les sons perdent leur sens
quand la parole s’absente
quand la vie se replie comme un pyjama
que l’on glisse sous l’oreiller
et quand le lit vogue ?
Je suis surprise, chaque semaine, par ZEPHE…Un jour qui se lève n’est jamais le même qu’un autre; le soleil de cet endroit non plus : quelle chance inouïe!
“ECRIRE SUR LE SABLE LA NEIGE ET LE VENT…” et nous découvrons un PPV voguant entre le matin et la nuit, entre le buffet et le cerveau, entre les sirènes et l’enfance, le reflet et le fleuve.
Fascinant…
Je garde les « colonnes de silhouettes, le cerveau barré ailleurs »
Écrire sur du vent, de la neige, du sable et des ondes qui gardent au chaud le monde seul de l’enfant endormie mais pas morte…
Depuis quand les anges ont-ils des fesses ? 😉
Emouvante et mouvante poésie, fabuleux clins d’oeil pour celle qui découvre vos mots ce jour…
Ici, j’entends battre le coeur des mots à la magie des plumes fertiles…
Source et vie
Etoiles et songes
Chants de joie
Chorale des saisons
Sable, vent, neige
Rien ne devient cendre
Kiproko émue