Le portrait s’échappe du cadre
Et son modèle nous parvient
Mais pour l’entendre il faut avoir
L’oreille aussi fine qu’un fil
Surtout quand il ne parle pas
Ou trop bas pour des parents sourds
Je te reconnais au silence
De tes pas le long d’une route
Qui ne nous mène nulle part
Je t’ai peint ou photographié
Pour voir ton double me sourire
De mon sourire énigmatique
Car nous nous ressemblons au point
De partager la même toile
Et le même regard d’aveugle
Dont les yeux parcourent le monde
.
La rivière est surprise de ce nouveau galet
Allongé dans son lit
Elle n’imaginait pas que la caresse puisse
Le parer de la teinte assortie à son onde
Il brille du reflet
De l’arbre avant qu’il ne s’enfeuille
Il offre l’éclat du regard
De l’animal désaltéré
Et préserve la nuit la douceur de la lune
Que l’eau retient et mêle au chant
Dont le ciel s’enivre aux matins océans
.
Voilà, à force de rogner les ailes aux poules d’eau on a fini par les clouer au sol.
Essaie, toi, de survoler le fumier en agitant tes moignons !
Ah, on est loin des « ailes de géant »…
Les océans plombés étouffent les petits vols.
Les mains agitées écument les trous d’air laissés par leurs mirages.
Essaie, toi, de brasser le temps sans espérance !
La maison ne fournit ni canne, ni rame
Vogue comme tu peux sur les vers infinis
Que tes bouts de papier porteront sans génie
Au bout de tout
Et feins d’avoir encore faim de vivre devant ton assiette vide.
.
Toi qui croyais entendre la mer
Au travers de faux sillages
Tu n’es qu’un marmonneur
De mots sans suie
Mais quand sur la scène du théâtre marine
L’écume resplendissante rejoint les nuages
Tes pauvres rimes se noient sans voir le soleil
Les algues mouvantes les emportent
Que reste-t-il de tes écrits glauques
De tes parchemins de pacotille
Grattés par le sable rageur
Rien qu’un médiocre palimpseste
Finalement tout redevient
.
La lune installée dans un hamac de fortune
Invente chaque nuit de nouveaux noms d’ étoile
Elle transmet sa passion au soleil
Qui tout le jour est absent
Depuis qu’ il apprend la science des échecs
Aux sombres perturbations natives des pays froids
.
Sous un arbre grelottant et dépourvu de feuilles
Cinq poètes munis de parapluies ou de lainages douillets
Tirent une langue démesurée en dessinant quelques signes
A l’aide d’un clavier parfois récalcitrant
.
La grenouille amusée sort de son bocal
Elle annonce une pluie de chocolat pour la fin de semaine
Et un vendredi rayonnant sur poésie fertile
Ont participé:
Eclaircie
Elisa
Phoenixs
4Z2A84
Heliomel
Kaléidoscopes de portraits, mystère et auto-dérision. Par bonheur le poète aime le chocolat pour le réconcilier avec ces temps maussades ou fuyants. Et l’eau sculpte les galets (pour la grenouille !)
Bonnes Pâques à tous.
tirer une langue démesurée chez les Maoris, c’est une façon de se dire bonjour, comme quoi…
Bonnes fêtes de Pâques également, des cloches, des poissons, des nids douillets et un peu d’espoir
De l’espoir pour emplir les assiettes vides…Bon, pas seulement . De l’espoir pour ce qui est plus important. En attendant, « L’assiette vide et son modèle » rendent l’humeur assez joyeuse, non ?
Bonnes fêtes de Pâques à tous, je penserai à vous demain.
Astucieux hors- d’oeuvre comme entrée dans cet assemblage » que je trouve particulièrement bien mitonné…
Gageons que les cloches de retour rendront un son ouaté 😉
Bravo à chacun et à tous ! J’aime cette rivière, je plains ces poules qu’elles soient d’eau ou au pot, je partage le sort des rimes noyées, je joue aux échecs avec des perturbations…
Textes pour poissons volants 😉