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Désormais tout est calme
Aucun bruit de voix
Aucun bruit de pas
Tout s’écrit en mots démêlés
Des mots sans attache
Entre cœur et nuages
Entre feuilles et brouillard
Ce matin est propice aux confidences
Le toit de la maison disparaît
Effacé peu à peu par l’hésitation du temps
Comme un souvenir
De plus en plus confus
…..
On ne touche pas aux mots gelés
pour ne pas les briser
La feuille captive dans la toile abandonnée
Frappe à petits coups discrets sur la vitre
Nos sourires rêveurs les laisseront entrer
Ainsi que le soleil
Débarrassé de sa pelisse de froid
On ne touche pas aux mots gelés
On tourne autour
On les contemple
Les réchauffant de ce que l’on pressent
Et de ce que l’on espère.
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Il me semble déceler là, la mélancolie de l’éloignement et l’espérance de retrouvailles.
Je suis si heureuse de pouvoir partager ses deux poèmes.
Le ton d’Elisa, sa voix unique. Il y avait longtemps qu’à ce léger tremblement n’avait pas battu mon coeur.
En 2011, notre amie Elisa Romain a fait paraître aux éditions Chloé des Lys un recueil de poèmes remarquables intitulé « Amitié Virtuelle ». Elle ne m’en voudra pas de reproduire ici le mot qu’alors je lui transmis :
Mardi 17 janvier 2012 – A Elisa Romain –
Ce matin très tôt je termine la lecture d’ »Amitié virtuelle », puis en relis quelques pages, puis réfléchis (la réflexion n’est pas mon fort, contrairement à la rêverie). Tout m’intéresse dans ces 55 pages. L’ « entrée en matière » est merveilleuse : « Toute ressemblance avec la réalité ne pourrait être que partielle et trompeuse » : une telle formule, j’aurais voulu l’écrire !
Entre nous, elle me correspond davantage qu’à toi – ici je laisse s’exprimer ma jalousie…En fait, il y a constamment…de Toi, femme bien réelle, mère de famille qui malgré ses tâches matérielles souvent contraignantes connaît peut-être des moments de spleen, aspire à autre chose mais attise ses obsessions en les décrivant sous des déguisements divers, dans ses poèmes (« Ce ne sont pas des poèmes » (« L’autre »)).
J’ai retrouvé « Matricules sonores » étrange, effrayant, lequel, comme tu t’en souviens ( ?) m’inspira comme une « suite », et « La tour des indigents » kafkaïen. L’inventaire dans « Pensées et Cie » s’achève sur le sourire d’Elise…Elise…Elisa. Le thème du double t’est cher. « L’autre », dialogue (ou monologue ?) pourrait s’intituler « L’autre…la même » (titre d’un récit…ou d’un poème de J.L. Borges). Dans « Le temps a passé » le rythme est très original ; on y entend comme des bulles crever à la surface du lac somnolent. « Mémère » et « Arrêt des docks » esquissent des portraits de femmes sans doute marquées par la solitude ; on ne fait pas un peu connaissance avec elles sans un serrement de cœur. Dans « Couleurs » l’attitude du personnage avide de déchoir puis vraisemblablement de tout oublier (à commencer par lui-même) bénéficie de vers forts. Des couleurs aussi dans « Ectoplasme à chagrin variable » ; j’y repère ces trois lignes : « Puis, le jour venu, je reviens / Fraîche comme une tombe d’hiver./ Souriant de tout mon vide. » puis, un peu plus loin : « Je me hante moi-même ». Il faudrait tout citer, dont la peau de chagrin. Sans doute l’une de tes meilleures compositions. Par contre, ton « Soleil » ne m’emballe pas ; c’est évidemment subjectif et affaire de goût ; mais les répétitions, le martèlement du même mot pour donner l’impression de rythme, le tam-tam me semblent une facilité. « Femme de marbre » : une réussite. « Les liens du sens » aussi. Et « Cervelle de table » où l’on retrouve des « numéros » comme dans « Matricules sonores »…En fait tous tes textes m’ont vivement plu et intéressé. Ton recueil est en outre très bien composé, construit (la « construction » : j’en suis incapable, chez moi tout part dans tous les sens, c’est peut-être aussi pourquoi je privilégie l’alexandrin, lequel me discipline – un peu). Tu es très présente dans « L’autre », superbe dialogue avec soi-même (–« Tu n’es nulle part » – « Je suis ailleurs. »). Nous aurons, je l’espère l’occasion d’en reparler ainsi que d’autres pages d’ « Amitié Virtuelle », un livre que je garde à portée de main car je le rouvrirai souvent.
Amitié.
j’espère que ses mots ne sont pas gelés ou alors soufflons dessus pour réchauffer sa plume. À bientôt Elisa.
Deux translucides poèmes matinaux qui parlent d’engourdissement (comme l’oiseau si petit et si frêle, fragile ébouriffé de roide, de nuit) et du retour au « nid » dans les reflets d’un jour renaissant.
J’ai pensé au froid lumineux, à La pie de Monet en te lisant.
Merci Élisa.
Très beau ! Il y’a ce qui embrase, enflamme et ce qui réchauffe, adoucit.
Elisa n’est pas loin, privée du net, elle reviendra vite pour nous enchanter encore.
Merci Mikelot de l’avoir lue.
magnifique ce poème!!
quelle pureté!
Merci Josy de toujours passer. Élisa attend sa connexion internet pour nous rejoindre. Elle doit avoir de ces bijoux à partager. Vivement son retour.
Un petit mot du travail (oui, je sais, ce n’est pas bien !) pour vous remercier tous très chaleureusement.
4Z, je crois même pouvoir retrouver ton texte. Dès qu’internet revient, je cherche.
Merci à vous à qui je pense chaque jour et plus particulièrement le vendredi. Enfin, vous avez repris les PPV !
Bises à tous, anciens et nouveaux.
La toile discrète sur le tableau +++