Balles des fantoches, . Aller, venir au gré des bancs de sardines La gueule ouverte prête à l'emploi Enfourner la friture insignifiante Fiente de l'insigne futilité des nasses Je danse sur les arêtes jetées à la vague Flottantes fin d'écailles Sur ma tête humide grouille l'élite des crabes En panier d'oseille sans parfum Et pourtant si malodorante * La trotteuse a renoncé Parcourir le même cercle des minutes durant Ne l’intéresse pas plus que manger des heures Lorsqu’à la table aucun convive ne vient s’asseoir La trotteuse est devenue bavarde Perchée aux côtés de la girouette Elle entame de longs palabres avec le vent Que le jour ouvrant les yeux Reflète dans toutes les tours désertes La trotteuse attend des nuits sans dormir Le temps volé au dormeur involontaire Pour le lui rendre à l’aube de sa nouvelle saison * Nous nous perdons dans la forêt puis dans la foule Des hallucinations qui surgissent en vrac On se revoit trempé par de nobles averses Dont un artiste essaie d’apprivoiser les gammes Sa partition l’aveugle avec des grains de sable Et sur son tableau s’égosille un rossignol Nous sortons de nos corps comme d’une coquille Où le confort finit par peser – le réveil Sur un fleuve fougueux est salubre – on dirait Que l’âme se remplit d’eau pour se prémunir Contre la soif quand aux arbres succèderont Le long des voies sans toits le train vif des pylônes Puis les bornes où sont indiquées les distances A parcourir jusqu’aux portes d’un au-delà. *** * Deux œillets roses au-dessus du nez Lui-même en peau de parapluie Une bouche en jardin indocile et sauvage Des cheveux soleil levant ou lune de midi Le caractère fidèle bien que fougueux Ne nécessite aucune longe et se monte sans selle La silhouette se faufile indifféremment Entre les lignes du jour et celles de la nuit Quant à la démarche elle varie sans prévenir Hier blues nonchalant au refrain bouleversant Ce matin vague de deux mètres au milieu du néant. * 4Z absent cette semaine, j'ai choisi un poème de 2015. Il se joint à ceux de Phoenixs, Eclaircie et moi-même, cueillis hier et ce matin.
Monthly Archives: juin 2017
La croisière du nageur allongé,
Rêve-t-on avec plus d’intensité
Debout qu’assis ou couché ?
Si cette question vous turlupine
Ouvrez la fenêtre et perdez votre regard
Au-delà de l’horizon dont la ligne n’est pas droite
Quelqu’un déplace l’équateur
Derrière notre dos
Quelqu’un se prend pour un autre
Et accouche d’une montagne
Sans le secours d’une sage-femme
Naître devient une habitude
Mourir un jeu auquel on joue
Les jours de pluie quand l’eau s’allonge.
****
La rivière offre ce gué
Voie étroite entre des rives éloignées
La main en pare-soleil
Même par temps « ciel des plus gris nuageux »
On craint que le souffle manque sur la pierre glissante
Les poissons de basses eaux
N’osent pas vraiment dire l’appréhension
Sous leurs branchies
Leurs yeux jamais fermés ils assisteront
À l’incroyable marche sur les flots
Quand les vagues se calment et guettent
Les premières traces de lettres sur la grève endormie
****
Le meilleur défi,
Nous déposons le monde sur la nappe
Papier chemin de traverse
Les uns avec les autres dans l’éclat
D’un mot, d’une idée, d’un rire
Déjà la douceur moite nous enveloppe
Et vide la chaise que nous occupions
Si peu soucieux de la nuit
Au large la voile éclair remporte le prix
Du meilleur silence à tous nos défis
****
J’ai vu des visages
Masques cireux vidés de vie
J’ai vu des mains
Se balancer inertes au bout de bras inutiles
Croisière en ville ou en campagne
L’eau transparente se colore
Pour ne rien laisser voir du fond
Ou des reflets passagers
Qui parfois nous effraient
L’humain surnage très longtemps
Puis disparaît de la surface
On ne pouvait pas mieux suivre le fil de ces textes placés dans leur ordre d’apparition. Nos rives se rejoignent sans perdre de vue le parcours sinueux des eaux qui accompagnent nos marches communes.
4Z, Eclaircie, bibi, Elisa
Le micro des ventriloques.
LE MICRO DES VENTRILOQUES.
*
Les petites chaussures du soir,
Que se passe-t-il dans le grand slip des nuages
Quand il bouffonne sur les toits ?
Et dans la tignasse du vent
Qui siffle ses petits airs perdus ?
Que se passe-t-il dans le corps maigre des arbres
Rompus au sommet ?
Qui simplement peut répondre pendant que rote la nuit
Noire de vin gris ?
Peut-être les molles chaussures laissées sur la paillasson
Ronchon quotidien de nos semelles merdeuses
Qui pestent sans marcher…
*
Le ciel est un cyclope avec un œil changeant
Doux et tendre la nuit, vif et violent le jour.
Ne me demandez pas de choisir
Entre l’un ou l’autre à graver dans le marbre ;
Je les voudrais ensemble réunis
Le ciel, la lune et le soleil.
Les yeux entrouverts, la pâleur de la belle
Saurait calmer le feu inutile en dehors de l’âtre
Tandis que les visages se décomposent
De vivre trop dans l’ombre, l’astre diurne leur rendrait
La lumière,
Je rêve des bleus dont tous deux teinteraient
Ma veille et la vie. Saisons et promenades.
*
Le temps perd la raison, fait grincer les ressorts de l’horloge
Bruit d’un bateau égaré dans la tempête
Les instants glissent sur le pont, s’entrechoquent.
Ce matin visage d’un vieillard dans le reflet d’un enfant
Ce soir deux flots continus de voitures charriées par l’orage
Au milieu une femme attachée à son chien, immobile.
Puis l’habituelle évasion vers les mots, qui s’évaporent aussitôt .
A marée basse on trouvera quelques échardes dans le sable,
Une laisse peut-être, quelques éclats de verre
Et l’ombre fuyante d’une vague scélérate.
*
L’aube remplace le beurre elle s’étale
Et dore le ciel
Nous ne fermerons pas les yeux
Même si nos paupières s’alourdissent
Même si le gel suspend les larmes.
Je ne joue pas aux dés ma présence dans ce poème
Dont les vers ressemblent davantage à des œufs
Qu’à la cueillette des cerises
Sur les branches d’un chandelier.
Le jour en pyjama déjeune
De croissants chauds trempés dans la voie lactée
On soupçonne le boulanger d’être somnambule
Et la lune d’enfariner les anges.
*
Impression d’aube magnifiée
Malher, symphonie n°1, sur le bord de la fenêtre, les premiers chants des oiseaux viennent timidement prendre de mes nouvelles. Tout va bien, ils n’hésiteront pas à hausser le ton en mesure avec cette symphonie qu’ils apprécient autant que moi.
Et les autres, dis, les autres, tu y prenses ? Oui, beaucoup, trop, beaucoup trop.
Incapable de dire « je vous aime, j’ai besoin de vous » je leur offre la symphonie n°1 de Malher, puis la seconde… et les oiseaux.
La journée qui s’approche est une belle journée.
Merci mes amis, Malher, les oiseaux et tous les autres plus humains et vivants.
L’éloge de l’impossible
Malgré mes réticences
Mon ombre se donne en spectacle
Non je n’ai pas voulu de ce décor
Ni d’un fantôme sous les feux de la rampe
Le souffleur a beau me crier mon texte
Ma bouche ne trouve qu’une voix d’enfant pour le déclamer
Devant un public de pauvres.
Sur le cou la lune est posée
Comme une tête de rechange
Il manque une aiguille à l’horloge
Des anges pressés par le temps.
Aux nuages vont les éloges
Quand ils courtisent nos étangs.
Aux semaines sans sommeil succèdent tous les impossibles
Ils sèment çà et là quelques plumes chatoyantes
Leur rire se déploie d’une oreille jusqu’à l’autre
L’un compte les poils de ses jambes
L’autre défile entortillé dans le boa de Tante Di
Le château se réveille s’étire et bâille
Encore un lever de soleil !
On habille l’automate on lui fait signe dès qu’il s’envole
Les chasseurs de mauvais rêves sont déjà sur la lune.
Je suis reflets au travers du miroir étoilé
Des cris franchissent la barrière de mes lèvres
Pour se vautrer dans ma bouche
Crisser sous mes dents et se répandre affaiblis et heureux
Sur des tapis d’Orient ou peut-être dans des panses oubliées
Par des petits rats en tutu s’entredévorant
Devant cette tour dont l’accès réservé
Est garanti par des années d’écriture
La rivière n’imaginait pas pouvoir endiguer
Ce flot boueux aux couleurs écrasant l’arc-en-ciel
L’océan pourtant n’a jamais été si calme et beau
Samedi en juin,
Pendant que Capucin 1er parle anglais
Sourire aux nuages
Nous tournons dans le grand tambour
Au son d’une batterie crécelle
D’un ballon au panier
D’une boule dans le gravier
Si petites fourmis occupées à parcourir
En rond
Les trous de la machine qui nous emporte
Que nous oublions d’applaudir le délicat
Travail d’une vie papier peint décollé…
Aux claviers :
4Z2A84
Élisa
Éclaircie
Phoenixs
Le titre ne doit rien au hasard, mais tout à Élisa et 4z
Averse de printemps.
Pour se désennuyer
la pluie invente la musique.
Toutes les oreilles collées aux gouttières sont des auditeurs avisés.
– Ne risquez pas de manquer le concert en vous abritant sous vos draps.