La vie au passage à niveau,
Si les vaches arrêtaient de tricoter
Pendant que passent les trains d’arrêt
Nous pourrions profiter du paysage
Sans être dérangés
Par toutes ces questions sans réponse
Qui agitent les prés aux abois
La vue dégagée lâcherait ses arcs-en-ciel
Les pluies remballeraient leurs impairs
Et les passages à niveau lèveraient enfin
Leur voile sur les vies déraillées
Que tout égare
C’est couper la parole aux fleurs
Que de dire à leur place qu’elles sont belles
Car leur parfum porte les mots
Dont les narines se régalent
Comme de cocaïne les malades
Ces mots ignorent tout des lettres
De A à Z la route ne change pas de pas
On atteint sans os sa destination
Une terrasse où sèchent des draps
Du linge oublié
Par les gens chargés de la toilette des morts
On nous y offre un café fort
Trop fort
Avec l’haleine des fleurs il tient éveillés
Ceux qui très tôt dodelinent de la tête.
Pas un pli ne vient froisser le visage du matin
Le gris perle de ses tempes
S’harmonisent aux volutes de fumée
Des cheminées et des champs
Œuvrant pour protéger le cœur de la graine
Ou du foyer
Pourtant nul ne connaît
Les idées qui traversent l’esprit du jour
Bien moins lisses que son regard d’octobre
Il rêve diables et flammes
Folles sarabandes que pas un soir ne saurait éteindre
Matinées et après-midi liées dans une nuit polaire aveuglante
Les chemins sont couverts de feuilles
Et les arbres absents
Le cœur de la pendule semble perdre toute sagesse
Tant il offre de battements à la folie
Sa langue d’argent compte jusqu’à l’infini
Pour ne laisser sortir aucun mot de sa bouche
De bois comme son corps
Il ne reste que le silence
Témoin ému des derniers soubresauts du jour
Il étend sur le sol une couverture mordorée
Afin d’attirer au plus près de lui sa chère nuit
Aux fenêtres :
Phoenixs, 4Z, Éclaircie, Élisa.