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Les matins divers,
On prend sa petite devise sous le bras
Partis ensemble dans le noir
Routes glissantes en mémoire
Quelques mots bien pesés
Une pensée, un sourire en berne
Et puis, et puis lentement on regarde autour de soi
Les mains rentrées dans leurs gants de cuir
Les regards baissés l’allure passante que rien n’arrête
Le flux et le reflux d’un pouls incessant
La petite devise recroquevillée dans l’alu
On se chante un petit air
De rien…
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Aucune silhouette ne se superpose à celle des arbres
Le jour et la nuit dorment ensemble
Finissent par se confondre
Et nous répétons inlassablement les mêmes mots assemblés
Ne les comprenons plus
Mélopée crépusculaire d’un entre-deux étranger
Ceux qui se réfugient au creux d’un sommeil agité
Ignorent que tout se joue
Que plus rien ne compte, ni ciel ni terre ni aucune créature
Lumière et obscurité ne sont plus qu’une
Fils et bru du solstice de l’hiver
Fiancés éternels
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La radio éteinte on écoute battre le cœur
De la mer un battement à l’image de ses marées.
Nous ne voulions pas le croire la mer disait
Quelque chose dans une langue morte depuis des siècles
Les traducteurs tous en désaccord pliaient bagage
Leurs derniers mots laissant croire que toute espérance
Ne nous quitte pas lorsque nous plongeons.
Secouer la tête ne remplissait plus nos poches
De pollen de sable ou de pièces d’or
Toujours légers nous inventions de nouvelles voies
Pour nos semelles inusables
Si vous nous rencontrez au coin d’une rue ou dans un bois
Une statue vous sourira – passez outre.
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La grande centrifugeuse dans un formidable courant d’air
Happe les phrases et les mots, les pensées et les songes
Non contente de laisser la silhouette nue, vide
Sur une chaise en bois verni, elle s’accapare aussi
Un à un de ses cheveux, de ses gestes et ses sourires,
Grimée comme un clown qui ne veut plus faire naître de rires
Mais pas non plus de pleurs minant le sol fragile.
La terre tente d’entrer dans le rythme
Aidée par les poissons poussant les vagues
Leurs nageoires sont cependant bien trop courtes
Pour rétropédaler dans un bouillon de pacotille.
Depuis l’on voit la nuit devancer le jour et le jour s’effacer
Dans le moindre repli du ciel dont la voûte écrasée
Sert de nappe aux dévoreurs d’hommes et de lumière.
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Zephe d’automne, sous les plumes de :
Phoenixs – Élisa – 4Z2A84 – Éclaircie