Tout est clair après le sombre de la nuit
Un océan vert ondule avec grâce
Les coucous annoncent gentiment
La couleur bleu du ciel décidée pour ce jour
Les mots rangés dans ma poche
J’oublie peu à peu les consignes d’Ulysse
L’herbe douce, les roses libres, les grands arbres tranquilles :
Les mots glissent
Derrière moi pousse un séquoia géant
Un navire s’étire faisant craquer son bois
Des hectares de forêt se peuplent d’animaux divers
A mes côtés, un chevreuil paisible
Dessine au crayon vert les nouveaux contours
De mon jardin de papier.
***
Il n’y a rien de mieux à faire
Qu’à regarder les vagues mordre
Le rivage – on voudrait se taire
On parle en désordre de tout
Mélangeant le ciel et la terre
Ce cocktail adoucit la toux
Les cous trop blancs se laissent tordre
Comme les vagues par le vent
Quand il sait se rendre émouvant
Les mots meurent l’eau les efface
Le poète s’il perd la face
A qui la faute au sable au flot
Au feu craché par son stylo
***
Désappointées au petit jour
Les lettres brodent au point de croix
Ou de chaînette voire de chausson
Elles festonnent quand d’autres festoient
Pour ne pas perdre le lustre
Ni la lumière dont elles raffolent
Sans évoquer les couleurs et les chiffres
Tout comme les goûts de fraise ou de framboise
Dont le jus sur les lèvres était irrésistible
Bien sûr avant qu’elles ne se noient
Dans ce verre d’eau – pure mais placide
Celui-là même où la veille l’encre coulait à flots
***
Que me chantez-vous ?
En voilà une question s’exclame la mouette hurluberlue
A qui le dites-vous murmure l’alouette
Quel intérêt susurre le merle au pinson pincé
Aucun fredonne la mésange bleue braqueuse de ciel
L’hirondelle hausse ses rondeurs moqueuses
Et chacun, chacune d’envoyer sa trille, son sifflet, sa chanson
Chacune, chacun perché sur la portée du vent
De nettoyer son aile en do de si hors sol
Dans l’immense cri de nos silences…
***
Avec sur le bateau des mots : Elisa, 4Z, Eclaircie, bibi