Rideau,
Heureusement que nous avons rentré hirondelles
Cigales et bêtes de la nuit
Car le temps tricote et détricote les songes trop vite
Que seraient-elles devenues dans cette épaisseur sans contours ?
Ce n’est pas la peine de regretter, il n’y avait rien d’autre à faire
En ces heures dérangées il est bien inutile de chercher les aiguilles
Qui pourraient rendre un sens léger aux cœurs.
Heureusement que nous avons abrité le peu qu’il reste de vivant
Indispensable à la poursuite de cette marche qui perd sa raison
A l’aune de nos folies…
Au-dessus de nos têtes le ciel se couvre
De petits mondes qui flottent insouciants
Et libres
Le jour s’étale en tictacs patients
Des oiseaux volent
D’autres crient
Ou pleurent
Ou rient
La nuit viendra
Elle posera un voile sombre décoré d’étoiles
Qui ressembleront à des yeux minuscules
Et perçants
Le monde vit ou meurt
En un lent mouvement de va-et-vient
Une houle gigantesque
Qui nous berce
Jusqu’à la mort
La place du soleil au grenier
Nul ne l’occupe sauf la lune
Encore faut-il qu’elle soit faible
Et prête à troquer son lait contre un lit.
Vous l’entendez dire : Je hais les étoiles
Car vers elles tous les regards se tournent
Comme vers leurs cibles les flèches aimantées
On me trouverait cachée sous la paille
Si l’on me cherchait mais même les poètes m’ignorent
Depuis l’introduction de sondes dans mon cœur
Ma lobotomie mes mulsions mon curetage.
Du grenier où je séjourne chaque nuit
Est-ce moi que j’aperçois reflétée par des étangs
Dont je crains de rompre la sérénité
Mes chuts répétés en témoignent.
Si vous m’écoutez tendez l’oreille.
À l’heure où les vitres des fenêtres
Sont des miroirs reflétant le sommeil
Ou bien une veilleuse
Seul témoin des signes de vie enfermés
Entre les deux oreilles du dormeur
Les nuages se disputent le ciel
Le vent aux premières loges
Les étoiles se rassemblent et s’éparpillent
Aucun ne dévoilera le spectacle
Des arbres s’effeuillant lascivement
Sur les pentes de la colline en émoi
Peut-être au réveil sur l’oreiller déserté
Subsistera l’empreinte de la nuit
Et sur la page un monde aux teintes rousses.
Un grenier aménagé par :
Phoenixs, Élisa, 4Z2A84 et Éclaircie