Automne, mon bel automne, divine saison, oublie le vil hiver, prépare le printemps, calme la terre, supporte le vent qui joue sa musique ensorcelante aux feuilles pourpres et craintives.
Automne, mon bel automne, tu es le lit de la terre. Des brumes qui s’élèvent à l’aube lentement, tu connais les secrets écharpés du soleil rougeoyant.
Comme on ne demande pas son âge à une dame, on ne demande pas son âge à un poète car ses heures s’écoulent ailleurs, parmi les étoiles les plus lointaines, là où le temps ne veut plus rien dire.
La musique est son langage et les rivières de cristal, sa nourriture, il se coiffe avec un arc en ciel, s’habille d’ancolies, compte avec des cailloux les instants de ses rêveries, chevauche des comètes, s’allonge sur des nuages, s’endort quand la nature s’éveille.
Vos rides sont les fossés de ses escapades. Regardez les arbres agiter leurs dernières feuilles pour dire adieu à l’été
Héliomel
.Poeme publié 27 Sep 2008 à 16:35
Archive mensuelle : juillet 2014
Des éclairs à l’aube entrouverte
Poème à cinq voix du 25 juillet 2014
Viens mon beau soleil noir
Que tu sois léger ou profond
Fais que l’eau de mes yeux
Se fige en cristal immobile
Toi mon vrai sommeil
Le gardien vigilant
De mes voyages insensés
Ouvre la fenêtre
Qu’il fasse chaud ou froid
On va partir tous les deux
On refera le monde
Jusqu’à l’aube entrouverte
La joie des escargots ne fera jamais oublier
Le bonheur d’un pied nu sur l’herbe sèche
Les prés arborent un blond doré
Et ne veulent en rien changer leur garde-robe
Les soubassements des bâtisses
Que la peur de s’effriter tenaille
De chuchotements en messes basses
Postillonnent salpêtre et champignons
Les parasols et chapeaux de paille ont fondu comme le soleil
Pris dans une scène de ménage entre un iceberg et la banquise
Que nous importe que le ciel invite tous les éclairs
Si dans le creux de nos cahiers pas une étincelle ne jaillit
Les délices de la mort,
Le temps posé à nos pieds
Ronronne
On dirait un animal apprivoisé
On dirait…
Au loin la vie festoie sur ses escarpins
L’éternel mariage des masques et des nudités
Invite le cortège à valser.
Il n’est pas de cri sans son chant
De souffle sans asphyxie
D’élan dans retenue
De foule sans tour d’ivoire.
Nous passons sans rien laisser
Sauf nos papiers gras
Nos bouteilles vides et nos rêves épuisés
Que nul ne ramassera.
Le temps posé à nos pieds ronronne
On dirait…
Presque…
La vue de tel paysage ne m’émeut plus
Les arbres distillent leur ennui
On s’habitue à la morphine
Comme à la neige autour de l’étable
Quand naît l’Enfant Jésus
J’enregistre les sursauts de l’orage
Sur pellicule pour éviter une sanction
L’oubli de la voix à laquelle nous obéissons
L’oubli de la vue des éclairs piégés
Allègent notre mémoire ce tonneau
D’un bois dont le nom glisse
Sur l’eau trop bavarde.
Mille voix au matin chantent au même moment mille chansons différentes
Le ciel impudique et rouge dévoile les dentelles fines de ses dessous
Au bout du jardin redevenu sauvage des montagnes de vagues
Réclament leur part d’héritage et se jettent furieuses contre ces portes
Qui n’existeront jamais
Chacun cherche un visage à tenir entre ses mains et une tête nouvelle
A poser sur ses épaules pour avancer de quelques heures
Quelques secondes peut-être
Sur le chemin embrasé qui outré se refuse aux désarmés
L’urgence aux lumières bleues inonde ce microcosme enclos
De stridences et de longs éclairs douloureux
Au centre du brouhaha dort suçant son pouce un petit doudou très pâle.
Par les voix de :
4 Z Elisa Phoenixs Héliomel Eclaircie
RENDEZ-VOUS AVEC DES OMBRES.
Rendez-vous avec des ombres.
.
Elastique en bouche elle longe les lisières quelles qu’elles soient Ensuite hop elle franchit les barrières et les sourcils à poils longs Puis elle disparaît. Alors ici et là, on réalise qu’elle existait, qu’elle emplissait le jour qu’elle éclairait la nuit Pour qu’elle esquive les récifs et les glaciers qui affleurent en certaines terres Depuis les navires sont à l’eau, les montagnes hors des plaines et la mer La mer n’existe plus qu’au bout du bout des territoires. Interdite de séjour Dans nos campagnes et dans nos villes malades du soleil comme de la pluie. Quelques hirondelles essaient bien de nager dans un bleu illusoire Mais les unes après les autres elles s’effacent car personne, ici ou ailleurs, ne les regarde plus. Chacun guette muet la crête fragile des vagues de souvenirs. Chacun cherche la trace dans l’air des courbes de sa voix. Chacun gratte les murs jusqu’au sang pour qu’un jour elle revienne.
.
N’avale pas sans un mot d’adieu ton parapluie
Offre-lui toute latitude pour moudre des pierres
Atteins la flèche avant le but
Attends ton ombre quand elle manque de souffle
Délivre ton cœur ce prisonnier de ses cordes
Chante sur des toits rasés de près
Ne crie pas souriez avec une arme au poing
Paye les fossoyeurs et tire-leur la langue
Cherche et ne trouve que de l’or
Promets aux lignes de ne plus les sauter
Arrange-toi pour tenir le sable en laisse
Ne parle pas avec les œufs de ta voisine
Veille sur le nez lorsqu’il nage
Coupe la parole par les champs
N’oublie pas de ne penser qu’à rien
Sauve le monde en croquant des radis ou des ânes
.
La lune dans les étoiles,
C’est pas la peine de couper la poire en deux
Elle est partie avec le fromage
C’est le temps des amours au dessert de la vie
Tard mais pas trop.
C’est la peine de pousser le café
Il s’est barré avec une tranche de cake
Pleine de sourires
Des goûts et des couleurs
La vie se tartine entre les trous…
Ne cherche pas davantage chaussure et ton pied
Il y a belle lurette qu’ils chaussettent en tire-bouchon
Dans la malle à malices…
C’est la saison qu’il disent
Tout est permis de pèche
A l’ombre des frivoles
Hors raison…
.
Gronde l’orage, gronde le monde
Des bulles opaques ou translucides
Gravitent autour de têtes posées sur des épaules
Parfois les mains tentent de les saisir
Les yeux s’animent d’un éclair d’envie
Croyant parvenir à déchiffrer le théorème de la vie
C’est pourtant l’absurde et ses volutes de brume
Qui masquent les sphères
Ou les emplissent d’un coton laiteux
Obligeant le regard pour ne point s’égarer
À se tourner vers l’intérieur des gouffres
Ou traverser le temps sans y chercher de certitudes.
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Au rendez-vous :
Eclaircie
Elisa
Phoenixs
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La salle aux secrets
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(30 avril 2011 à 8:47)
.
Au cocher assoupi je préfère
Le marin qui renifle les étoiles
Car les draps de ses rêves
Sont ses plus belles voiles
.
La vague murmure
À l’oreille de ses anneaux
Il accoste à Grenade
Dans les jardins de jade
.
De sa blanche dentelle
La sierra Nevada
Ecoute les rumeurs
De la salle aux secrets
.
En longeant le bassin
Où dort le flot si pur
Il voit les bleus cyprès
Comme des phares éteints
.
L’eau captée est immobile
Il neige sur Grenade
.
Héliomel.
Gommettes, buvard, et risettes à la buvette,
La pluie serait si belle
Sans son entêtement
À vouloir dissoudre les taches
Que le soleil offre aux enfants
Gommettes sur leurs joues
Ou balle insaisissable
Quand sous le grand figuier
Ombres et billes se confondent
La bruine sur la main
Éclaircit toujours l’encre
Frise le long ruban
Aux nattes de la nuit
Dans sa chevelure domptée
Les trombes d’eau masquent la danse
Des brins de saule près du ruisseau
****
Vieil homme n’a plus que deux épaules pour abriter sa tête
Comme le creux d’un arbre protégerait un oisillon
Il se force à sourire aux autres personnes
Pour prouver qu’il n’est pas encore le moribond que l’on croit
Chez lui il relâche ses derniers muscles, masse ses doigts
Douloureux d’être restés trop longtemps crispés sur le blanc du beau cuir
Il sent bien les regards lourds qui pèsent sur lui
Comme pèse déjà le froid de la lame au-dessus de sa vie
Il n’a plus de nom ni de charme et n’aime plus conduire
Depuis que les hordes sont à ses trousses et que son reflet dans leurs yeux
Le condamne à la peur de tout et de tous. Y compris de lui-même.
****
Faut que tu te penches
Sinon tu ne verras pas les petits
Pas de lumière dans l’herbe
Faut que tu lèves tes yeux pour suivre
Les hirondelles à sécher sur le fil
Tes larmes d’écolier
Faut que tu tendes tes oreilles assourdies
Pour que l’haleine du vent entre deux feuilles
Te rappelle au silence
Y faut en faire des tours de piste en solitaire
Tout le temps des sensations pour que viennent
Ces instants fugaces dans la tignasse de tes humeurs
Apaisées.
Ce sont les chaussons de juillet hors des sentiers fourbus
Qui rendent à tes pieds la grâce de l’oubli….
****
Un député orinaire…
Il parle menthe à l’eau
Il hurle vent de boue
Stentor vénitien baissé
pour cause de congères annuelles
L’arbre à papillons disparait
Au profit de la mine à picaillons
On s’engueule sur la carpette
On fait risette à la buvette
Une tour d’ivoire pour abriter
Un aileron de requin de la finance
Ali Baba et les 40 voleurs
Pris la main dans le CAC
****
Cocotiers et palmiers ivres exécutaient des courbettes extravagantes pour nous souhaiter la bienvenue
Dans ces régions où le soleil est tous les jours quand sonne midi un œuf en train de frire sur un ciel de métal
Sous la voûte brûlante nous perdons un à un nos pétales
L’iceberg n’en finit pas de fondre
Nous l’avions pourtant installé à l’ombre
Une fois franchis les pôles et d’un saut de fillette vers la case du paradis
Toutes les ères et les aires situées entre la Terre plate et la Terre ronde
Ce voyage se fit sans accrochage sans un ongle cassé sans une poussière dans l’œil et aussi rapidement que je le dis
D’ailleurs les traces de nos pas sur le sol les tunnels creusés par nos nageoires dans l’eau
Pareils à des énergies fossiles
S’offrent à la vue de tout le monde
On trouve la carte postale de l’univers pas un détail n’y manque en retournant le tableau
Nulle rivière de nos mains ridées ne se détache
Pourtant derrière ou sous une œuvre une autre œuvre souvent se cache.
Sous le parasolpluie lézardaient : Eclaircie, Elisa, bibi, Héliomel et le 4Z de juillet
Venise
Je regarde ta lettre qui gondole, se plisse et tes mots dilués qui doucement rejoignent des milliers d’autres mots jetés par-dessus bord, dans ces canaux putrides, près des palais-mémoire que la mer a rongés comme le temps notre histoire.
La marée vient lécher le vieil embarcadère aux pontons vermoulus laissant nonchalamment les amarres flotter au milieu des déchets.
L’absence n’est qu’un retard pour qui sait être heureux, disais-tu rayonnant lorsque nous étions deux, quand nous nous confondions aux passants-passerelles sous l’œil goguenard des pigeons de Saint Marc qui délaissant la place s’en retournaient nicher aux creux des doges austères en maculant les toges de fiente délétère.
Au cœur de la Cité, les lions affamés réclament leur pitance, ces viles calomnies que l’on glisse, perfides, dans leurs gueules béantes.
Les boutiquiers exhibent des masques impavides sans regard et sans âme comme peut l’être la mort.Des ombres sibyllines effleurent le décor Dans Venise sanguine la lagune s’endort.
Kali
Lézarde
Les éclairs en écho d’une colline à l’autre
Ouvrent au ciel une lézarde
Échappatoire des papillons
L’eau dessine ces fulgurances
Sur un sol assoiffé
Asséché par le vent
Tu peux tendre la main, te saisir de la foudre
Jamais sans un soleil ne t’obéit le jour
Referme la fenêtre et baisse les paupières
La toile sur le mur laissera deviner
L’ampleur de ton pouvoir par toutes les couleurs
Tracées comme les sillons du champ de tes lumières
.
L’œil trouve asile
Sous la paupière où le jour n’entre pas
Sans montrer patte blanche aux gardiens du savoir
Je vous vois monter descendre et à droite et à gauche vous déplacer
Sans autre dessein que de vivre
On rode ses poumons avant de les soumettre à l’air épicé
Quand la vague porte une autre vague en chaleur l’accoucheur la délivre
La mer ne se contente plus de saler les îles elle les poivre
Le vent s’il se montre rétif s’il monte sur ses grands chevaux elle l’apprivoise
Il lui sifflera bientôt leur chanson celle sur laquelle ils dansaient et dansent encore
Leurs propos au moment de leurs retrouvailles sur la piste immense où ils évoluent je les édulcore
Car ils mêlent à une exaltation légitime une apologie de la conquête par le viol et de la brutalité
Souvenez-vous du déluge et imaginez ce que nous serions devenus
Sans vos cheveux pour nous abriter
.
Une voix venue de l’enfer tente de se faire entendre
Profonde et distincte elle peine pourtant à réveiller les dormeurs
Lise rêve du gros cafard qui trottinait dans le jardin
Elle sourit et compte les mèches blanches sur la petite tête
De l’animal noir qu’elle s’obstine à appeler père
Jean dort dans une baignoire trempée de toute sa peur
Depuis qu’une main fouille le satin de ses songes
Et le remplace par le charbon si salissant des cauchemars
Dès que le gros œil rond du hall le perd de vue
A l’étage des anges un poète empêtré de rubans tente
Vainement
De suivre la course folle de ses mots sur le chemin tortueux
Des pompes à mi-parcours ou des prés nostalgiques des heures d’avant
.
Mi-taine, mi-déraison,
Est-ce bien utile que de continuer à rouler tes tics ? Demande lapin à sa garenne infidèle qui répond toujours en haussant le râble.
Une garenne pareille ne mérite par le cerfeuil et la ciboulette, les olives et le vin rouge qui baignent ses pattes trop coquettes.
Une garenne pareille ne mérite pas son lapin poseur
Une garenne pareille ne mérite pas l’amour à petits feux que lui mitonnent les patates douces.
Elle ne mérite que les pâtés roulés
Les châteaux en épargne
Et le thym thym des lapins moqueurs
Embusqués dans les rêves sauvages.
.
Dans le désordre, un ZEPHE de juillet concocté par Eclaircie, Phoenixs, 4Z, et moi-même, avec la présence virtuelle de notre cher Héliomel.
Evasion
Les prisons dorées volent silencieusement
Entre ciel et terre
Pendant qu’un scarabée, pas tout à fait noir, donne sa version de la rareté
L’herbe reste verte
Quelqu’un colle deux soleils
Assez mal découpés
En deux endroits du bleu
Pour lui offrir des yeux
Ronds
Comme des gommettes aux couleurs bruyantes
Qui adhèrent aux doigts fins
Ou boudinés
Les toitures chantent
L’institutrice est une musaraigne à lunettes
Devancées par un cri les hirondelles
D’un coup d’aile
Effacent le triste des barreaux
Sauvent les enfants
Même grands
Plus que des corps vides dans la salle aux tortures
Les esprits ont des plumes
Un courant d’air chaud
Silence
.
Quelques mots dédiés aux élèves, actuels ou anciens, pour vous distraire en attendant le poème d’Héliomel pour notre ZEPHE bien aimé.
Un poème de Max Elskamp.
Un poème de Max Elskamp :
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« Or bleu disant l’août
Au commun des jours,
Corneilles qui rouent
En haut sur la tour,
.
Puis l’heure sonnant
Partent sur leurs ailes,
Quittant les auvents
Crier dans le ciel,
.
Comme de gros mots
Plus aigres qu’airelles
Dits tout en voyelles
Suivant leur argot,
.
Corneilles peu sages,
Et même un peu folles,
Vivant en veuvage
Et qui s’en consolent,
.
Dans le ciel en blond
Sur le prieuré,
A tourner en rond
Autour du clocher,
.
C’est de choses vues
De les raconter,
Dans le soir venu
Leur rancune allée.
.
Mais nuit qui se fait
Sur le monde rouge,
Où plus rien ne bouge
Dans le jour allé,
.
Qu’or dans le ciel nu
En l’air qui voyage,
Lors de commérages
Mégères repues,
.
C’est corneilles tues,
Au clocher rentrées,
Que le hibou hue
Dans l’ombre montée. »
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Max Elskamp
« La Chanson de la rue Saint-Paul et autres Poèmes » (1922)
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