Certains signes se déroulaient, d’autres s’enroulaient
Sortaient des coquilles rousses des escargots
Des feuilles mortes de livres devenus trop vieux
Tous oubliaient le chemin de la bouche ou encore du cerveau
Ils avaient choisi de passer les trois cents prochaines années
Dans le petit pavillon tranquille d’une oreille distraite
Par cet absolu et insupportable silence qui traversait tous les pays de l’âme
Dehors il n’y avait plus aucune différence entre l’acier et la terre
On ne voyait plus que de très grands oiseaux noirs
Occupés à trancher l’épaisseur de l’air de leurs longues ailes
C’était juste après la course d’un bel orage et de ses éclairs blancs
Belle journée de mai,
Tu rêves, déplié sur le dépliant
De ces voiles voilant
A peine l’inoxydable horizon
Outremer l’eau va sans raison
Semée d’émeraudes à ses doigts
Dégantés comme il se doit…
Tu rêves, assoupi sans être assommé
Porté par la marine d’Epinal
Au bout de quoi le terminal
T’attend
Tranquille et blanc
Pour l’heure tu souris sans remettre
A demain ce qui peut paraître
Vain
Et l’inutile claque la porte
C’est la fête foraine. La barbe à papa et les lunettes se tiennent par la main et vont sur le manège.
Même sur des principes, il est dangereux pour un myope chauve et glabre de chevaucher un cheval, et pourtant ce dernier est assis sur le cheval de bois du manège. Il tend la main pour attraper le pompon où se trouve la barbe qui lui permettra de gagner les lunettes. Mais comme il est myope, la barbe et les lunettes s’envolent vers le grand huit. De toutes façons, c’est pas beau un chauve à barbe disent les lunettes. Surtout que ses lacets sont en guimauve répond la barbe.
Les rues au matin ont choisi d’adopter
La ligne et la silhouette de la rivière
Sinuer de tous leurs trottoirs
Et de l’asphalte aux couleurs ternes
Pour inviter le passant à danser dès l’éveil
Mais aussi pour offrir à l’échoppe
Coincée entre deux grands bâtiments
Un peu de ce soleil qu’elle ne connait que de nom
Dans la vitrine des bateaux tangueront
Ne gardant dans leurs soutes
Que le vague souvenir d’un tableau noir
De pierres qui n’attendaient que la caresse de l’eau
Pour révéler vraiment le pouvoir de l’arc-en-ciel
Dans la ville engloutie par la lumière
Oiseaux et poissons s’affichent sur tous les murs
Puis s’endorment dans une spirale de vent
Des traîneaux tirés par des purs-sangs sur un hippodrome encaustiqué useraient en vain leurs patins
A glisser le long de nos boucles blanches pour saisir ne serait-ce que des flocons ou leur souvenir
De l’étoile filante qui s’y dévergonde tel un train à grande vitesse quittant les rails
Pour obéir à la fantaisie de son chauffeur parmi tous les chauffeurs le plus qualifié
Dans l’art de lancer sa machine à travers la prairie rutilante sous le soleil humide
Comme on jette sur le tapis vert sa vie dans l’espoir de la voir occuper la place du furet
Courant de l’un à l’autre de nos organes trop paresseux pour répondre au coup de sa patte
Ces chants ces parfums on les trouve sans faute de goût en forêt
Se perdre devient un jeu d’enfant
Il suffit de ne plus distinguer des nôtres les battements de cœur des arbres
Il suffit de mêler les feuilles
D’indiquer à l’orée des bois
L’itinéraire à suivre pour ne jamais trouver le trésor.
Les chanceux gourmands :
4Z2A84, Elisa, Phoenixs, Héliomel, Eclaircie