Le ciel ? Peu d’oiseaux se le disputent.
La lune ? Rares ceux qui l’arrachent à la nuit
pour lui fournir une paire d’aiguilles, ainsi elle indiquera l’heure
aux hommes toujours pressés d’en finir avec leur existence et celle des autres.
Le jour ? Nous le recevons dans nos palais où il s’installe avec ses vitrines et ses rétroviseurs aveuglants,
ses frères le talonnent du plus grand au plus petit comme une armée de fourmis à la queue leu leu.
La vallée ? Nous la respirons de nos transats et quand les gaves s’y bousculent les idées fermentent.
Le toit ? Au même titre que la casquette il retient le regard toujours trop appuyé du peintre.
La paume aux lignes non lues ? Elle polit les collines indolentes.
Les villas ? Elles sautent comme bouchons ou puces le long d’une ligne plus difficile à atteindre
que son verre où les cubes de glace résignés à fondre changent d’apparence.
La géante ? Elle saisit l’arc-en-ciel par l’anse et le balance au-dessus des gravillons,
la salade est ainsi bercée et ses larmes désaltèrent les grillons.
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La terre se remet doucement des pluies longues de l’hiver
Son souffle, peu à peu, redevient doux et calme.
Tout à l’heure, distraite, la route a comme perdu l’esprit
Elle était au milieu de nulle part, en un lieu inconnu.
Des oiseaux cravatés aux gorges colorées
Ouvraient de grands yeux bleus sur un ciel d’entre-deux.
Une petite fille aurait pu leur parler, chercher à les apprivoiser
Mais elle sautait à la corde en fredonnant mélancolique
Un très ancien chant guerrier qui parlait de charniers
Et de drôles de machines construites pour tuer.
Des bouquets d’arbustes jaunes installaient le printemps
Sur des plaines sauvages où poussaient quelques mots
Et de minuscules arcs-en-ciel que personne ne voyait.
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Les toits ne sont plus ces toboggans pour trombes d’eau
Les tuiles encore pelotonnées résistent sous les derniers givres
Elles frémissent sous le soleil pourtant frais
Et se voudraient transparentes
Dévoilant au jour naissant le plus petit souvenir
Dans les recoins du grenier masqués par la poussière
Seraient mis en lumière les premiers babillements
Les morceaux de craie arrachés aux falaises pour repeindre l’océan
Les bateaux rescapés des pires tempêtes qui ont trouvé refuge
Dans des bouteilles dont le contenu réchauffe encore le rire
Et tous les gestes d’amour retenus quand on a peur
Que notre enfance soit bousculée niée piétinée
Parce que l’on n’aura pas voulu grandir sans conserver les larmes
Celles qui viennent lorsque trop triste ou trop heureux
On offre au moindre passant ce visage
Sur lequel est écrite la force du printemps
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Il n’aurait jamais dû quitter ses bottes de sept lieues
Les Cendrillon de plomb dans les tiroirs éclair
Il n’aurait jamais dû pousser la porte des grands
Vieux
Depuis, les chaussettes au bord des lèvres
L’écume au fond des yeux
Il arpente les couloirs gris que tous chevauchent
En grappes folles.
Les enfants abandonnés sous les mouchoirs
N’en finissent jamais d’essuyer leurs pleurs
Comme autant de frêles dérives inutiles…
Aux manettes : 4Z, Elisa, Eclaircie et Bibi
C’est un ZEPE avec son H envolé pour cette semaine, mais l’oiseau reviendra bientôt 😉