Interrogez le vent qu’il vous donne la preuve
Qu’une flamme est venue se baigner dans le fleuve
Des oiseaux l’auraient vue mais se taisent prudents
D’ailleurs le baobab est leur seul confident
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Il ne vous dira pas comment naquit l’orage
Qui souleva jusqu’au clocher un attelage
Où il resta pendu ni pourquoi les bateaux
Dès qu’ils ont touché terre imitent les châteaux
Et se font visiter par de belles personnes
Dont plusieurs ont les pieds fourchus on le soupçonne
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À la gare un convoi de neige est arrivé
Pour vêtir cet hiver nos toits et nos pavés
Éclairer nos maisons nos rues notre église
On confisque leurs vers luisants à ceux qui lisent
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Le train repart Le sol tremble Tourne la roue
Du bateau Sur le pont est-ce un chien qui s’ébroue
Le mur se bouche un œil puis l’autre et ne voit plus
Que des lueurs le noir n’étant pas absolu
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Si le ciel se laissait caresser comme un fleuve
Les mains les plus usées seraient de nouveau neuves
On apprivoiserait la foudre et les éclairs
L’avalanche et les pluies chercheraient à nous plaire
En attendant le vent sans laisser de sillage
Fonce tête baissée dans le jour qui voyage
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Extrait du recueil « Dormir debout, Poésie 1970-1975 » édité en 2010