Poèmes de Vénus Khoury-Ghata
« Le vent ne sert qu’à ébouriffer les genêts
à donner la chair de poule au renard
avec lui il faut consentir comme avec le diable
Elle n’eut pas d’enfants pour ne pas engendrer des morts
pas d’arbre pour ne pas s’encombrer de son ombre
ni de murs d’argile qu’elle pétrissait donnait un pain friable apprécié des serpents
elle n’eut pas de chemin non plus
son ruisseau s’était tailladé les veines de chagrins entassés
et la Grande Ourse n’était pas praticable au mois d’août
dans sa bassine de cuivre ses confitures bouillaient avec les étoiles »
« Quelle est la nuit parmi les nuits » (2004).
« C’était novembre en pluies acides et neiges noircies par l’usage
Nous classions les feuilles mortes par ordre de taille pour faciliter la tâche de la forêt absente pour des raisons connues d’elle seule
Les parents partis avec la porte
Nous prenions les flaques d’eau pour des criques
les cailloux pour des météorites
les meutes de vent pour des loups
un enfant se liquéfiait dès qu’un flacon touchait terre
nous pouvions tenir jusqu’à l’épiphanie
Manier nos pieds comme des jouets
en attendant une redistribution des parents
il nous arrivait de les apercevoir entre deux couches de terre
le coup de pied assené au sillon faisait crier un caillou
Mais ce n’étaient qu’hallucinations de bûcheron à la herse rouillée »
« Où vont les arbres ? » (2011).
Vénus Khoury-Ghata